Simulation et recherche : besoin ou réalité

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La recherche en simulation s'amorce par la pédagogie et la recherche fondamentale.

Simulation et recherche : besoin ou réalité

Pour la première, l’usage des pré-et post-test évaluant les exercices de simulation, permet de générer des travaux publiables. Cette « recherche en pédagogie » est plus qu’un jeu consistant à démontrer des évidences : elle répond à un véritable besoin de données.

Les résultats peuvent être contradictoires d’un travail à l’autre. Si la simulation est un outil séduisant qui annonce une révolution dans la formation, les méthodes devront être comparées rigoureusement et leur intérêt évalué, avec un gain en termes de « safety » pour les patients.

À ce jour, il a été démontré que les performances des internes sur des simulations de réa diminuent lorsque l’interne est en lendemain de garde*. Ces méthodes vont probablement faire irruption dans notre DPC et ces études en pédagogie nous apprendront comment la simulation peut nous aider à garder nos réflexes, voire renouveler nos acquis une fois diplômés et en exercice.

Malheureusement, disposer d’outils de simulation pour « tester une hypothèse et observer un effet » est encore du domaine de l’utopie. Aussi les modèles murins – et tous les problèmes éthiques des modèles animaux – restent l’incontournable préambule avant les essais thérapeutiques chez l’homme, et ne sont rien moins qu’une étape de simulation de toxicité. À l’heure du numérique, on rêve à des simulateurs 3D de nos patients, modélisant des suites opératoires ou les effets d’une nouvelle molécule… Mais la complexité des organes rend la prédiction des phénomènes biologiques toujours impossible.

Néanmoins, en partant d’outils de recherche « virtuels » on peut aboutir à des médicaments. La bioinformatique sait rechercher en ligne dans le génome humain des « séquences hypothétiques » de protéines. En se basant sur les domaines connus de protéines décrites, typiquement des récepteurs, le site du NCBI va extraire des séquences potentielles avec des pourcentages d’homologie. Une fois isolée, à nous de déterminer si la trouvaille est un artefact ou une séquence de protéine nouvelle… On clone l’hypothèse via un plasmide dans une culture cellulaire, on balance dessus les milliers de molécules connues et on attend d’observer un phénomène biologique… C’est l’histoire récente des acides biliaires, passés de mode et anoblis en hormones le jour où on leur trouva des récepteurs.

Plus loin, on étudie le comportement de protéines dans une cellule à partir de ses atomes, son déploiement en 3D, ses probabilités d’interaction avec sa protéine voisine… en faisant tourner des calculateurs pendant des semaines.

En résumé, en dehors de la pédagogie et de la sécurité, les patients sont loin de la simulation en recherche fondamentale : des travaux ont tenté d’évaluer le risque fracturaire de métastases vertébrale par reconstruction 3D, avec des succès relatifs. L’imagerie sera probablement la première à nous aider à « prévoir » un effet, mais entre décrire et anticiper, le chemin est encore très long !

*SOURCE : Impact de la privation de sommeil sur les prises de décision en situation d'urgence chez les internes d'anesthésie-réanimation : étude basée sur la simulation médicale. « Annales françaises d'anesthésieréanimation », vol 32, P A5-A6, sept. 2013.

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