Rester ou revenir, le dilemne

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Partir travailler ailleurs à la recherche d'un Eldorado médical peut être décevant voir rédhibitoire...Encore faut-il s'en rendre compte.

Rester ou revenir, le dilemne

Parmi les difficultés prévisibles pour un expat’, la plus centrale est celle de l’intégration en terre d’accueil. S’il peut être agréable de passer des vacances dans un pays, y vivre, c’est autre chose. « Les gens sont très froids en Suède » a trouvé Diane, 33 ans. Mathieu, gastro, et Clémentine, généraliste, 31 ans, qui au terme d’une année au pays du Soleil Levant, n’ont fréquenté quasiment que des expat’, n’ont jamais pu vraiment imaginer s’y installer : « Il y a une grande politesse de façade au Japon, masquant des sentiments beaucoup moins accueillants, voire un certain racisme envers les “gaijin”, les étrangers ».

Le rythme du quotidien est souvent différent et parfois difficile à appréhender. Romain, anesth-réa de 40 ans, a dû changer ses horaires car « aux USA les gens commencent à travailler dès 7 h et finissent vers 15 h ; ça laisse du temps pour la famille, qui est un pilier central pour les Américains. La contrepartie c’est que les vacances se limitent à 3 semaines maximum par an ». Complètement à l’inverse, au Japon, Matthieu et Clémentine expliquent que « les médecins font de très gros volumes horaires, avec beaucoup de temps d'inactivité, de discussion, de repos, sur le lieu de travail. La place pour les loisirs est très réduite et la vie de famille peu importante à leurs yeux ».

La pratique médicale elle-même n’est pas la même dans son format. « Les USA, c'est une autre planète dans la manière de réfléchir, d'organiser les soins, car tout est très cadré. Sans compter les risques de procès qui instaurent un climat de défiance » explique Romain. Bertrand, lui, a été déçu par les rapports entre confrères made in US : « il y a très peu de discussion des dossiers entre collègues aux États-Unis, pas de staff commun multidisciplinaire, donc pas d'émulation ».

La répartition des tâches et les frontières entre médecins et paraméd’ varient selon les pays, même au sein de l’Europe. Ainsi mieux vaut ne pas être control freak pour aller en Suède où « dès que les Suédois peuvent déléguer, ils le font. Les infirmières gèrent beaucoup d’activités : emploi du temps, conseils téléphoniques, bobologie… » À l’opposé, pour ceux qui souhaitent recentrer leurs activités sur le pur médical, mieux vaut éviter l’Allemagne selon Jean-Charles, 38 ans, où « les infirmières ont en fait des fonctions de super aides-soignantes.  Ce sont les médecins qui doivent faire les prises de sang, les perfusions, et parfois même administrer la première dose d'antibiotiques ! »

LE PARADOXE DES MÉDECINS EXPAT’
Nombre d’interviewés ont confié avoir craint, en quittant le France, de perdre le système social français, pour lequel en même temps ils ne souhaitaient plus contribuer en tant que praticiens…

Une fois parti, tout le monde n’a pas nécessairement envie de revenir en France. « Mes filles ont leur vie ici maintenant et nous avons nos projets », nous a confié Michel. Pour d’autres, comme Romain, c’est différent, il a gagné en qualité de vie mais il pourrait envisager un retour. « Ce ne serait sûrement pas pour l'argent, mais plutôt pour l'amour de la médecine et de la France, et pour retrouver ma famille ».

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