Rémunération : « Les généralistes n’ont rien à envier aux cadres supérieurs »

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Les économistes Brigitte Dormont et Anne-Laure Samson ont ausculté les revenus des libéraux

Rémunération : « Les généralistes n’ont rien à envier aux cadres supérieurs »

Brigitte Dormont, économiste et titulaire de la Chaire santé de Paris-Dauphine, a analysé avec sa collègue Anne-Laure Samson les revenus des généralistes de secteur 1 et les a comparés à ceux des cadres supérieurs de niveau d’étude similaire. Un match dont les généralistes sortent vainqueurs.

 

Les revenus des médecins sont trop faibles : voilà, en substance, la base de négociation des syndicats à l’aube des négociations conventionnelles. Sauf qu’en dehors de la profession, beaucoup pensent que les blouses blanches ne sont pas à plaindre. A en croire les économistes Brigitte Dormont et Anne-Laure Samson, de Paris-Dauphine, la rémunération des généralistes de secteur 1 est par exemple équivalente, voire supérieure, à celle des cadres de niveau d’étude comparable.

En publiant ce résultat avec collègue dans la dernière lettre de la Chaire santé de Paris-Dauphine, Brigitte Dormont risque de ne pas améliorer ses relations avec les médecins. On se souvient en effet que l’économiste s’était l’année dernière attirée les foudres d’une partie de la profession après ses propos sur la mort de la médecine libérale sur France-Culture.

Les médecins dépassent les cadres à 48 ans

Brigitte Dormont et Anne-Laure Samson ont comparé les revenus accumulés sur l’ensemble de leur carrière par plus de 9 000 généralistes de secteur 1 installés entre 1980 et 2004 d’une part, à ceux reçus par près de 15 000 cadres ayant commencé à travailler au cours de la même période d’autre part.

Alors, sur toute une carrière, est-il financièrement plus intéressant d’être cadre ou médecin ? « La réponse diffère selon l’âge auquel est effectuée la comparaison, et selon le sexe des individus », répondent Brigitte Dormont et Anne-Laure Samson.

Les femmes médecins rattrapent les cadres plus vite que les hommes

Pour les hommes, jusqu’à 40 ans, les revenus accumulés par les généralistes au cours de leur carrière n’ont pas encore rattrapé ceux des cadres. Ceci s’explique notamment par les études plus longues effectuées par les médecins. Mais à l’âge de 48 ans, les gains cumulés des deux professions sont équivalents. Les données des deux chercheuses ne permettent pas d’observer ce qui se passe après, mais il est d’après elles très probable que les généralistes dépassent ensuite les cadres.

Pour les femmes, les choses sont différentes. Car à 48 ans, les revenus cumulés des femmes médecins généralistes sont déjà clairement supérieurs à ceux des femmes cadres. Un résultat qui serait d’après les chercheuses lié à la flexibilité que le statut de libérale permet aux femmes médecins dans la gestion de leur carrière. Une flexibilité dont ne bénéficient pas les femmes cadres.

« Les revalorisations ne semblent pas justifiées »

On aurait aimé en savoir plus : peut-on quantifier l’avantage monétaire des généralistes ? Comment celui-ci peut-il être relié au temps de travail ? Contactée par What’s Up Doc, Brigitte Dormont a indiqué n’être pas disponible pour une interview. Dommage, car les deux économistes tirent de leurs observations des conclusions normatives qu’on aurait aimé les entendre développer.

« Les revalorisations revendiquées [par les généralistes] ne semblent pas justifiées », écrivent-elles par exemple. Un argument tout cuit pour la CNAM lors des négociations conventionnelles ?

Source:

Adrien Renaud

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