Nice : prendre soin des vivants, mais aussi des morts

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Témoignage de légistes

Nice : prendre soin des vivants, mais aussi des morts

Touchée en plein cœur, la ville de Nice a subi le 14 juillet dernier une attaque terroriste ôtant la vie à 84 personnes. Des patients décédés dont les équipes de légistes se sont occupés pendant des jours sans discontinuer. Avec calme, bienveillance et respect. What’s up Doc a rencontré deux d’entre eux. 
 
 

Le parquet l’a confirmé mardi, toutes les victimes de l’attentat de Nice ont été identifiées. Quatre-vingt quatre défunts ont ainsi pu être récupérés par leur famille, et ce en moins d’une semaine. Cette efficacité, on la doit au dévouement des légistes niçois, et de leurs confrères venus prêter main forte aux équipes des Alpes-Maritimes. 

R. et B.*, font partie des légistes venus en renfort. « Nous avons été acheminés très rapidement, en moins de 24 heures les choses se sont mises en place », raconte R. La machine judiciaire se met alors rapidement en route. « Les premières heures sont toujours un peu flottantes, il faut prendre un peu de temps pour appréhender ces collègues de quelques jours que nous ne connaissons pas encore… », explique le légiste.

Faire parler les morts mais aussi solliciter les vivants

Contribuer à une identification rapide des corps pour qu'ils puissent être rendus aux familles endeuillées et reconstituer les scénarios traumatiques sont les deux principaux objectifs dans ces situations. « Ce sont deux points importants, la justice comme les familles ont besoin d’avoir des réponses », explique R. Pour y parvenir, il faut faire parler les morts, mais également solliciter les vivants. 

« Les légistes effectuent également des constats sur des victimes vivantes, dans le cadre de l’enquête », témoignent les deux légistes. « Cette étape sera réalisée par nos confrères niçois dans les jours à venir », précise R. Les deux praticiens confient les difficultés rencontrées dans l’identification des ressortissants étrangers. « Il faut que les structures diplomatiques étrangères fassent le nécessaire pour que les équipes médico-légales puissent conclure les identifications », explique R.

Une ruche silencieuse

« C’est très difficile de se retrouver confronté à l’horreur d’évènements dont on n'a, jusqu’alors, entendu parler que dans les médias », témoigne R. Comme beaucoup, ils racontent la stupéfaction de se retrouver confrontés aux victimes, surtout en si grand nombre, et le calme impressionnant des équipes soignantes. « On se serait cru dans une ruche avec toute cette agitation, mais une ruche silencieuse », raconte R. Chacun fait son travail dans un calme à la fois choqué et respectueux. 

« La logistique a également été impeccable », ajoute B. Pas un seul des soignants en renfort n’a en effet été oublié dans les logements ou dans les repas. « Vous savez, ça n’a l’air de rien, mais c’est aussi important pour le moral des troupes de savoir qu’on a un lit où dormir, et de quoi se restaurer », précise le légiste. 

L’organisation était également présente chez les jeunes médecins locaux. « On a vu pas mal d’externes venir nous prêter main forte », explique B. « Ils avaient fait un planning, se relayaient, il y avait toujours quelqu’un », précise-t-il, une pointe d’admiration dans la voix.

 

*Les initiales ont été changées

Source:

Johana Hallmann

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