Article
Avant 1990, la presse scientifique gardait une dimension d’artisanat, où la qualité primait sur l’optimisation commerciale des publications. La technologie a professionnalisé davantage le secteur, non sans recherche de rentabilité. Les maisons d’édition qui ont divorcé de la communauté scientifique courent après le volume, veulent des mégarevues, des parts de marché pour gagner de l'argent…
Cependant elles se demandent encore ce qu’elles font là! Car leur avenir, et leur nouveau modèle économique (les auteurs payent) sont incertains. Est-ce que les réseaux sociaux, comme ResearchGate (2), vont les tuer? Est-ce que les revues dites prédatrices, qui publient n’importe quoi pour un prix dérisoire, vont détruire la confiance du public? Ce ne sont pas leurs seuls ennemis. Elles doivent faire face à : la disparition du copyright, les mauvaises conduites des auteurs, les abus du peer-review, la non-reproductibilité des publications, l’accès libre à des registres de protocoles, de données sources, d’archives académiques (PubMedCentral, HAL…) etc.
Ainsi les maisons d'édition sont devenues des conglomérats focalisés sur le volume plutôt que sur la qualité, alors que l’accès aux moteurs de recherche n'améliorera pas seul ni la communication, ni la connaissance…
__________________________________________________________________
*Hervé Maisonneuve est médecin, professeur associé en santé publique, avec une activité de formation en rédaction scientifique, et blogueur : www.redactionmedicale.fr.
NOTES
1 Horton R. Offline : The crisis of scientific publishing. Lancet 2016
2 ResearchGate : créé en 2008, réseau social en ligne pour chercheurs et scientifiques de toutes disciplines