« La T2A devait être le carburant, c’est devenu le code de la route »

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Olivier Véran remet un rapport sur le financement des hôpitaux

« La T2A devait être le carburant, c’est devenu le code de la route »

Olivier Véran, jeune neurologue, ancien député de l’Isère et ancien rapporteur du projet de loi santé, a remis cette semaine à Marisol Touraine ses propositions sur le financement de l’hôpital. Son idée centrale ne manquera pas de faire consensus : la T2A doit être réformée.

 

What’s up Doc. Qu’est ce qui ne va pas dans le mode de financement actuel de l’hôpital ?

Dr. Olivier Véran. La première chose qu’il faut savoir, c’est que le système actuel est préférable au précédent. Avant, nous étions dans le système de la dotation globale : quand l’enveloppe budgétaire d’un hôpital était consommée, au mois de novembre par exemple, il fallait arrêter les soins. Avec la T2A (Tarification à l’activité, ndlr), c’est l’inverse : plus on soigne, plus on reçoit d’argent.

WUD. Alors, pourquoi ce rapport préconise-t-il de modifier le mode de financement ?

OV. Le système actuel a un défaut principal : il a pris une place qui va au-delà de celle qui devait être la sienne. La T2A était un outil de cotation, c’est devenu un outil de pilotage. Elle devait être le carburant de l’hôpital, c’est devenu le code de la route.

WUD. Quelles sont les grandes lignes de la réforme que vous proposez ?

OV. L’axe central, c’est de garantir que le parcours de soins des malades soit la motivation principale du financement, et que la T2A ne soit que le moyen pour y parvenir.

WUD. Et concrètement ?

OV. Dans les secteurs pour lesquels la T2A n’est pas adaptée, il faut sortir du « tout T2A ». En réa, en soins palliatifs, en rééducation, il faut aller vers un financement plus stable et plus pérenne. Et demain, cela devra aussi concerner les maladies chroniques. Un autre axe concerne le développement de la médecine ambulatoire à l’hôpital. Enfin, il faudra désengorger les urgences en levant les obstacles financiers qui empêchent de réorienter les patients vers la médecine de ville.

WUD. Les médias se sont largement concentrés sur ce dernier point. Pourquoi ?

OV. Parce que les urgences sont une question grand public. Et probablement aussi parce que je donne souvent des exemples tirés des urgences qui parlent bien aux gens.

WUD. A moins d’un an des présidentielles et alors qu’aucun projet de loi d’envergure n’est envisageable, comment vos propositions vont-elles pouvoir devenir réalité ?

OV. La ministre a annoncé cette semaine au salon Hôpital Expo que plusieurs des mesures que je propose seront reprises dans le PLFSS (Projet de loi de financement de la sécurité sociale, ndlr). D’autres propositions sont d’ordre réglementaire : on ne doit pas passer par la loi pour tout. Il faut par ailleurs savoir que je rends un rapport en deux temps. La première partie, qui vient d’être rendue, concerne les mesures applicables dans le PLFSS. Dans six mois, je remettrai la seconde partie qui portera sur l’innovation, la recherche et l’hospitalisation à domicile.

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Propos recueillis par Adrien Renaud

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