La guerre nucléaire des journaux médicaux aura-t-elle lieu ?

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Le « New England Journal of Medicine » et le « British Medical Journal » s’affrontent à coups d’éditoriaux

La guerre nucléaire des journaux médicaux aura-t-elle lieu ?

Au début, tout était simple dans la recherche scientifique : les auteurs cherchaient, déclaraient leurs conflits d’intérêts et publiaient. Personne ne trouvait rien à redire à ce système bien huilé.

Soudain, en mai dernier, un coup de tonnerre a déchiré ce ciel sans nuages. Dans un éditorial du très estimé « New England Journal of Medicine » (NEJM), Jeffrey Drazen, le rédacteur en chef de la revue, jetait un pavé dans la mare habituellement calme du monde académique.

« Au cours des deux dernières décennies », écrivait-il « de nombreux éditeurs de journaux médicaux (y compris moi) ont rendu les choses de plus en plus compliquées pour ceux qui ont reçu des paiements ou des dons de la part de l’industrie et qui désirent écrire des éditoriaux ou des articles […]. Cette séparation entre les chercheurs académiques et l’industrie est-elle dans notre intérêt ? Je ne pense pas, et je ne suis pas le seul ».

Boum.

Trois anciens responsables du NEJM, craignant que la revue ne révise sa politique jusque-là très stricte en ce qui concerne les conflits d’intérêts, ont pris la plume dans un journal rival, le « British Medical Journal » (BMJ). Leur réponse avait la forme d’une déclaration de guerre : « Une attaque particulièrement erronée et enflammée contre les politiques visant à réduire les conflits d’intérêt a récemment paru à l’endroit le plus inattendu possible : le vénérable et respecté "New England Journal of Medicine" ».

Re-boum.

Depuis le mois de mai, la polémique fait rage dans le monde académique. Articles, blogs, et autres publications foisonnent. On peut lire ici une analyse des débats écrite par une plume bien connue des lecteurs de « What’s Up Doc » : celle du médecin, chercheur et blogueur Hervé Maisonneuve.

L’enjeu de cette querelle entre journaux de renom est de taille, et tourne autour de deux questions graves. Les règles contre les conflits d’intérêt sont-elles la garantie d’une science indépendante ? Ou constituent-elles un frein à la recherche qui empêche les personnes les plus qualifiées, nécessairement impliquées dans le développement des médicaments, de partager leurs connaissances ?

Les hostilités semblent s’être légèrement calmées pendant l’été. Il ne s’agit probablement que d’une trêve…

Source:

Adrien Renaud

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