Euthanasie et suicide au cinéma : le droit de tuer ?

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Rarement une telle problématique s’est vue aussi prisée avec autant d’acuité par le cinéma de ce début de siècle. Ces derniers temps, on pourrait même parler d’embrasement du grand écran tellement l’euthanasie s’est invitée sur scène au gré des « affaires » sociales que nous connaissons…

Euthanasie et suicide au cinéma : le droit de tuer ?

2002 Le + militant
LES INVASIONS BARBARES, DE D. ARCAND
Post-soixante-huitard, le réalisateur canadien prône le droit à disposer de sa vie et décider de sa mort au travers d'une ôde flamboyante à l’amitié qui nous invite à célébrer chaque instant de notre vie.
ÉMOUVANT ET ESSENTIEL

2004, Le + dramatique
MILLION DOLLAR BABY, DE C. EASTWOOD
Ici, le suicide assisté est avant tout un ressort dramatique venant symboliser de façon saisissante l’attachement filial entre un coach sportif vieillissant et son élève, une jeune fille en quête de famille et rêvant de devenir une gloire de la boxe.

2004, Le + mélo
MAR ADENTRO,  DE A. AMENÁBAR
Plombé par une musique omniprésente dont le lyrisme est au diapason de ce film qui se veut « le » grand film espagnol sur le suicide assisté, Mar Adentro n’est même pas sauvé par l’interprétation de J. Bardem et s’éloigne de ce qui semblait être son but premier : retracer les dernières années du parcours de Ramón Sampedro.

2012, Le + extrême
AMOUR,  DE M. HANEKE
Avec son habituel rigorisme sans concession, Haneke semble dénoncer l’obsession de prolonger l’espérance de vie dans la mesure où elle entraîne ceux qui y sont confrontés à des décisions dramatiques. Il suggère que l’euthanasie éviterait nombre de situations vécues dans l’isolement et menant au crime. Mais point de médecin…

2007, Le + pro-life
LE SCAPHANDRE ET LE PAPILLON, DE J. SCHNABEL
En apparence à l’opposé du combat pour l’euthanasie, ce film adapté du livre de J.-D. Bauby, atteint d’un locked-in syndrom, rejoint le film de D. Arcand dans la mesure où il se veut, en plus d’une célébration de la victoire de l’imaginaire sur le réel, le portrait d’un homme digne et libre jusqu’au bout. Comme s’il nous suggérait que sans le choix de rester en vie, le droit de mourir serait vain et dangereux.

2012, Le + réaliste
QUELQUES HEURES DE PRINTEMPS,  DE S. BRIZÉ
Peut-être le film le plus sobre de cette sélection. Avant La Loi du marché, film qui l’a consacré, Brizé observe sans parti pris et dans une mise en scène dépouillée le rapprochement impossible entre une mère et son fils, et ce malgré l’annonce de celle-ci de partir en Suisse mourir dans la dignité (elle est atteinte d’un mélanome en phase terminale). Pédagogique de par son dispositif descriptif et neutre, le film permet de découvrir le cheminement de cette démarche et laisse apparaître – enfin ! – la figure du médecin, singulièrement absente dans les films précités.
COUP DE CŒUR POUR CE FILM DÉCHIRANT.

2012, Le + politique
LA BELLE ENDORMIE,  DE M. BELLOCCHIO
Bellocchio décrit avec un rien de paresse et de facilité de mise en scène, et dans un brouillon scénaristique, de pourtant bien belles histoires qui se déroulent dans une Italie en effervescence suspendue à l’arrêt des soins d’Eluana Englaro. Le film vaut surtout pour la description du climat politique accompagnant cette affaire.

1998 Ramón Sampedro, écrivain tétraplégique, figure historique du combat pour l’euthanasie en Espagne, se donne la mort avec l’aide et la responsabilité « partagée » de onze de ses amis.
2002 Vincent Humbert, tétraplégique, demande à Jacques Chirac  un « droit de mourir ».
2008 Chantal Sébire, mourant d’un esthésioneuroblastome, demande le droit à mourir dans la dignité par suicide assisté chez elle, et non en Suisse ou en Belgique.
2009 Eluana Englaro, en état végétatif irréversible, décède après six jours d’arrêt de son alimentation, à la demande de son père, aux termes d’un combat ayant déchiré l’Italie.
2014 Nicolas Bonnemaison est acquitté de l’empoisonnement  de sept patients en fin  de vie mais reste radié de l’Ordre des médecins.
2015 Vincent Lambert est autorisé à mourir par la Cour européenne des Droits de l'Homme (CEDH) mais reste à l’heure actuelle otage d’un enjeu dont il n’a  pas conscience…
TO BE CONTINUED…

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