Des temps de travail plus souples pour les hospitalo-universitaires

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Des carrières hospitalo-universitaires plus souples, plus fluides : c’est ce que souhaite la profession, et ce qu’a promis le gouvernement. Retour sur les dernières annonces et les attentes qu’elles suscitent.

 

Des temps de travail plus souples pour les hospitalo-universitaires

S’il est un statut qui n’a pas été dépoussiéré depuis un certain temps, c’est celui des hospitalo-universitaires ! L’absence de réformes a conduit à une certaine rigidité qui nuit à l’attractivité des carrières. En témoigne, par exemple, la difficulté qu’il y a à passer du statut de Maître de Conférences-Praticien Hospitalier (MCU-PH) à celui de Professeur des Universités-Praticien Hospitalier (PU-PH). 

 

Le temps partiel, enfin possible !

Pour renforcer l’attractivité des carrières hospitalières, quelques chantiers ont été lancés à l’occasion du Ségur de la Santé, dont celui du temps partiel. Les discussions ont abouti à une mesure très concrète.

Désormais, tous les personnels hospitalo-universitaires pourront exercer à temps partiel pour l’arrivée d’un enfant (naissance, adoption), mais aussi pour « convenances personnelles ». En effet, depuis le décret du 24 janvier 1990, il est établi que les PU-PH ne peuvent exercer leurs fonctions qu’à plein temps.

Les ministres Olivier Véran et Frédérique Vidal ont fait cette annonce à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Selon eux, cette mesure « bénéficiera particulièrement aux femmes hospitalo-universitaires qui pourront concilier plus facilement vie familiale et déroulement de carrière » (mais elle bénéficiera sans doute à tout le monde !). L’objectif est aussi de renforcer l’attractivité des carrières auprès des femmes, sous-représentées dans la profession. Alors qu’elles constituent près de la moitié des effectifs médicaux, elles sont seulement 15 % parmi les PU-PH.

L'inscription de l'exercice à temps partiel dans les statuts des personnels HU fera l’objet d’un décret prochainement soumis au Conseil d’État, pour une entrée en vigueur dans les prochains mois.

 

Réorganiser les temps de travail

En théorie, le praticien HU est libre d’exercer pleinement, et en toute autonomie, ses différentes missions. Mais en pratique, il peut être difficile pour lui de parvenir à un équilibre entre ses missions hospitalières et universitaires. En effet, très souvent, le temps imparti à chaque mission n’est pas clairement pris en compte dans l’organisation du service hospitalier. Du coup, il ne peut pas exercer ses différentes fonctions exactement comme il le souhaiterait.

Une enquête menée pour l’Association Médecine/Pharmacie Sciences auprès des  professionnels hospitalo-universitaires montre que les deux tiers des sondés rapportent une insatisfaction quant à la répartition de leur temps de travail, et auraient souhaité consacrer plus de temps à la recherche (90 %) ou à l’enseignement (43 %). Parmi les freins fréquemment cités par les HU : un manque de moyens, humains et administratifs, trop de contraintes  hospitalières et/ou administratives qui entravent l’activité universitaire et la recherche… Au final, exercer la triple mission dans un même temps était jugé difficile ou impossible pour près d’un tiers des répondants, et pour 14 % le travail sur le temps personnel s’imposait.

Il y a donc un fort enjeu à réformer à ce niveau-là. Nombreux sont ceux qui proposent de contractualiser l’organisation des temps de travail hospitalier et universitaire pour mieux reconnaître chacun d’entre eux. Le temps hospitalo-universitaire serait alors inscrit dans le projet de service, organisé au sein du service avec l’équipe, de manière évolutive. « Cette contractualisation interne permettrait de diversifier les activités des HU et d’adapter le temps de travail dans les différentes fonctions selon les obligations du service ou les circonstances de la vie », écrit l’Académie de médecine dans un avis sur la question.

 

Des pistes pour les internes en double cursus

Mieux équilibrer les temps de travail, c’est aussi un souhait exprimé par la jeune génération d’hospitalo-universitaires, notamment par les internes. Selon l’enquête, plus des deux tiers des étudiants en doubles cursus médecine/sciences, voudraient consacrer au moins 40 % de leur activité future à la recherche.

Pour renforcer l’attractivité des carrières auprès des internes, les syndicats d’hospitalo-universitaires demandent de mettre en place l’accompagnement des plus jeunes dans un double cursus de santé et de sciences en généralisant les parcours MD-PhD à l’ensemble des filières de santé, en assurant leur financement et la dimension universitaire de leur post-internat.

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