Marcel Dassault ? Un vrai fils de…

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« Tu seras médecin comme moi, mon enfant. » Nombreux sont ceux qui ont obéi à cette injonction, verbalisée ou subliminale. Mais il y a aussi eu des rejetons de praticiens pour se détourner de la voie familiale toute tracée… et rencontrer le succès. La preuve aujourd’hui avec Marcel Dassault.

Marcel Dassault ? Un vrai fils de…

On pourrait croire que chez les Dassault, on construit des avions de père en fils : en 1987, à la mort de Marcel, le fondateur de la dynastie industrielle, le flambeau est passé à son fils Serge. Celui-ci, avant de mourir en 2018, a quant à lui pris soin de placer tous ses enfants à des postes stratégiques au sein du groupe. Mais qu’y avait-il avant le groupe Dassault ? Pour le savoir, il faut remonter au père de Marcel Dassault qui n’était pas, loin s’en faut, un ingénieur aéronautique. C’était un modeste médecin nommé Adolphe Bloch et travaillant au sein d’une société mutualiste.

Oui, Adolphe Bloch, et non Adolphe Dassault. Marcel Dassault a en effet fait changer son patronyme après la deuxième guerre mondiale pour garder le même nom que son frère Paul, dont l’un des pseudonymes au sein de la Résistance était « Chardasso » et qui a souhaité garder après la libération une trace de son épopée dans son nom de famille. Adolphe Bloch, donc, était un juif alsacien que la défaite de 1871 a surpris à Paris, où il effectuait des études de médecine. Comme tous les habitants des régions alors rattachées à l’Allemagne, le jeune carabin a dû choisir entre les nationalités française et allemande… et il a opté pour la première.

Pas doué pour les affaires

On ne peut pas dire que le médecin, qui passait le plus clair de son temps auprès d’employés du commerce pris en charge par la mutuelle qui le salariait, ait eu une carrière brillante. C’est du moins le jugement que portait Marcel sur son géniteur. « Il est rare qu’un médecin dévoué à ses patients, dont le plus grand nombre est forcément de condition modeste, pense à lui-même et augmente ses ressources, remarque-t-il, cité dans Dassault, le livre que l’historien Claude Carrier consacra à Marcel et Serge. Aussi, après les dévaluations qui suivirent la guerre de 1914-1918, termina-t-il sa vie de dévouement complètement ruiné. »

Autrement dit, contrairement à ses descendants, Adolphe Bloch n’avait pas le sens des affaires. Décédé en 1931, il n’assista pas à l’extraordinaire essor du groupe Dassault, dopé par la course aux armements qui précéda la guerre de 1939-1945, et qui aujourd’hui encore fait pousser des cocoricos à tout le pays dès qu’un Rafale est vendu. Il n’assista pas non plus à la fin tragique du seul de ses quatre enfants auquel il avait transmis sa vocation médicale. René Bloch, troisième enfant de la fratrie et chirurgien à l’hôpital Necker, a été arrêté en 1942 parce qu’à côté de l’étoile jaune, il portait ses décorations militaires, ainsi que le racontaient en 2020 nos confrères du Quotidien du Médecin. Déporté à Auschwitz, il y fut assassiné par une injection intracardiaque de phénol.

 

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