Désert médical : 11 médecins ouvrent un centre de cardiologie mutualiste en seulement 5 mois !

Désert médical : 11 médecins ouvrent un centre de cardiologie mutualiste en seulement 5 mois !

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Avec beaucoup d’huile de coude, une pincée de militantisme et des acteurs bien coordonnés, l’offre de soins dans le Lot a pu être dynamisée en un temps record. Ces cardiologues dans le Lot ne sont pas les seuls à s’engager, parlons également des médecins généralistes sur une île au large de Lorient ou des ophtalmos à Manosque, les initiatives mutualistes font bouger les territoires !

« Il ne nous a fallu que 5 mois pour réaliser les travaux. Vous voyez, une grande réactivité ! » nous explique Marc Majorel, Président bénévole de l’Union Mutualiste de la Roseraie à Montfaucon (46). Ce militant mutualiste a en effet réussi un véritable tour de force : attirer 11 cardiologues au cœur de la campagne lotoise, dans son établissement en pleine ruralité. Il n’était bien sûr pas tout seul mais il était extrêmement motivé.

Allez, petit point géo/socio : le Lot, dont le chef-lieu est Cahors, dans le Sud-Ouest de l'hexagone, cumule les handicaps en termes d’accès aux soins : population très âgée, fortes attentes de prise en charge, et un territoire rural qui complique les déplacements des professionnels comme des patients. Pourtant, Marc Majorel a su transformer l’essai avec une vitesse stupéfiante....

« Lorsqu’un des deux médecins d’une commune part à la retraite, cela déséquilibre tout le système, on le sait bien » constate Marc Majorel. Aidé des remontées du terrain, ce bénévole qui connait bien « ses » adhérents, a une vision précise des tensions en médecine générale et spécialités.

 

Les cardiologues associés du réseau cardiovasculaire Nord Occitanie réalisent 1 500 angioplasties coronaires et posent plus de 250 stimulateurs cardiaques par an.”

 

Mais comment expliquer le succès de son projet cardiologique, qui draine onze praticiens sur le site ? « J’ai envie de dire, du culot. On ose ! » sourit cet entrepreneur social dans l’âme.
Car cette aventure démarre en mai dernier, la directrice de l’établissement Geneviève Ribes étant allée à la rencontre des différents acteurs de santé afin de tisser des partenariats, notamment avec le Dr Axel de Labriolle à Montauban, responsable du réseau cardiovasculaire Nord-Midi-Pyrénées, qu’elle a convaincu de venir s’implanter dans le Lot. Cinq mois plus tard, le centre ouvre, après d’importants travaux. Oui, oui, en France ! Moins d’un semestre !

Un écosystème global pour attirer les talents

Mais ce n’est pas tout. Marc Majorel déploie en parallèle un écosystème propice pour attirer les médecins : « Notre Union Mutualiste investit d'abord. Après, elle attire les médecins ».  Concrètement, la Roseraie rénove chaque année pour 1 million d’euros ses locaux, équipements, services.... « On essaye d’offrir le meilleur cadre de travail » explique son dirigeant. Objectif double : permettre l’épanouissement des praticiens, tout en remplissant cet établissement dont 50% des financements dépendent de l’activité réalisée.

Cerise sur le gâteau : le plateau technique de pointe et la vie de la structure, qui « a de l’histoire » dans ces murs de 200 ans. Une alchimie gagnante pour donner aux médecins l’envie de s’investir dans l’aventure mutualiste. « On a des salariés très impliqués qui croient au projet solidaire qu’on porte » se réjouit Marc Majorel.

Zéro aide publique au démarrage

Pourtant, ce projet ambitieux est lancé sans aide extérieure. « 600 000 euros investis. Zéro subvention » précise Marc Majorel. Le statut à but non lucratif de l’établissement impose en effet de financer chaque innovation sur fonds propres. « Nous n’avons pas d'actionnaires à rémunérer. On réinvestit tous nos excédents dans les soins et des gratifications financières à nos salariés »,explique-t ’il.

Une situation qui l’interpelle, au point de militer pour plus de soutien public aux initiatives privées qui maillent les déserts médicaux : « On ne peut plus continuer comme ça. Ce sont des investissements très lourds ». Les Mutualistes dans le Lot envisagent ainsi d’ouvrir des centres dentaires ruraux, et se tournent vers les collectivités locales pour obtenir des coups de pouce financiers.

Car en parallèle de ces actions d’envergure, Marc Majorel multiplie les démarches pour intégrer finement son établissement dans le territoire. Il reprend par exemple un EHPAD en difficulté et aimerait développer d’autres services à la population. En projet, il souhaite que l’établissement devienne un lieu de formation en cardiologie pour les médecins traitants du département grâce aux cardiologues de Montauban.

Son credo : « il faut qu’on soit de très bons gestionnaires pour prouver notre efficacité aux autorités publiques. Chaque euro doit être utilisé à bon escient ». Une proximité avec les acteurs locaux qui facilite l’ancrage territorial de ses actions. « On effectue un travail de fond réalisé pour le plus grand nombre », souligne-t-il. Car oui, résultat, en 30 minutes maximum, 90% des Lotois peuvent accéder aux soins prodigués par la Roseraie. Et les délais de rendez-vous en cardiologie descendent sous la barre des 6 semaines, une performance !

Une inspiration pour développer l’offre rurale

Aujourd’hui, les succès rencontrés positionnent la Roseraie comme une inspiration pour les territoires ruraux carencés. D’autant plus que l’établissement fourmille de nouvelles idées pour mailler l’offre de soins, en répondant par exemple aux appels à projets avec le CH de Cahors sur une Équipe Mobile d’Expertise en Réadaptation, ou tout seul sur les soins palliatifs ou la création de places d’EHPAD par exemple.

« Seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin », cette maxime pourrait résumer la recette qui fait le succès de ce projet dans le Lot. Une approche globale qui crée un écosystème favorable à l'installation de médecins et qui donne des résultats probants. Surtout, en mobilisant toute une communauté d’acteurs locaux dans cette dynamique positive, il insuffle un élan qui fédère les énergies.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/pourquoi-les-medecins-devraient-adorer-les-mutuelles

Une inspiration dont pourraient s’emparer les territoires ruraux carencés pour à leur tour initier une dynamique vertueuse. La désertification n’est donc pas une fatalité, comme le démontre l’Union Mutualiste de la Roseraie ! Il suffit parfois d’une seule personne déterminée, à l’écoute des besoins locaux, pour enclencher la machine grâce à des initiatives pragmatiques et concertées…en quelques mois seulement.

- Un rédacteur itinérant dans les territoires pour la Mutualilté Française

Et ailleurs, alors ? Des initiatives mutualistes pour lutter contre la désertification médicale

A Brive-la-Gaillarde, la clinique mutualiste Saint-Germain a développé une offre de consultations en médecine générale dans les quartiers prioritaires, en partenariat avec la municipalité. Des médecins retraités ou de jeunes médecins salariés se relaient dans ces annexes de proximité, bénéficiant d'un appui administratif de la ville. Un modèle duplicable pour d'autres communes.

Sur l'île de Groix, la mobilisation conjointe des pouvoirs publics et des acteurs de santé a permis en seulement 7 mois de rouvrir un centre de santé mixte. Géré par de jeunes médecins continentaux, il leur permet de concilier exercice stimulant sur une île et vie de famille sur le continent, tout en répondant aux besoins d'une population vieillissante.
 

Consult

 

A Manosque, la Mutualité Française a lancé avec la municipalité une équipe mobile de santé visuelle, ciblant en priorité les zones rurales et montagneuses. Un bel exemple de partenariat utilisant la télétransmission pour faciliter les dépistages et la prise en charge par des ophtalmologistes.

A Laval, un service médical de proximité piloté par des médecins retraités permet de compenser le manque de généralistes. Porté par VYV3, ce service bienvenu repose sur une collaboration exemplaire entre la ville, l'hôpital, les autorités de santé et de nombreux autres partenaires.

Ces quelques exemples inspirants démontrent que des solutions existent pour lutter contre la désertification médicale, à condition que tous les acteurs locaux unissent leurs efforts dans un même élan solidaire. Les médecins généralistes et les autres ont toute leur place dans ces dynamiques collectives au service de la santé des citoyens. On va dans la bonne direction, non ?

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