MicroPort CRM, des pacemakers connectés en Bluetooth made in Clamart

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Un cœur (cousu) d'or, ou presque. A Clamart, les pacemakers de la société MicroPort CRM sont fabriqués avec une minutie extrême et cette électronique haut de gamme est désormais connectée en Bluetooth, signe du passage du dispositif médical dans une nouvelle ère.

MicroPort CRM, des pacemakers connectés en Bluetooth made in Clamart

Dans son siège au sud-ouest de Paris, la société de 1.100 personnes développe et produit l'électronique qui rend les pacemakers et défibrillateurs opérants, et capables de résister durant plus d'une décennie aux problèmes éventuels de cœurs défaillants. En tout, 70.000 stimulateurs sont fabriqués chaque année ici.

On aperçoit encore, exposés sur place, les tout premiers stimulateurs cardiaques, de la taille de petits téléphones portables. Soixante ans plus tard, les derniers modèles ont considérablement rétréci : désormais, cette électronique a la taille d'une pièce de deux euros, et sera implantée sous la peau par un chirurgien et reliée au cœur par des sondes de stimulation, de façon d'autant moins traumatisante que l'implant est petit. Les technologies évoluent beaucoup dans ce domaine.

Face à ces dispositifs, ces appareils médicaux ultra technologiques, la téléphonie mobile ferait pâle figure.

"Il est au cœur des grands enjeux de santé : c'est le dispositif médical qui va accompagner les patients chroniques. C'est lui qui permet d'aller vers le mini invasif, l'ambulatoire", décrypte Guirec Le Lous, président de l'association des entreprises des technologies médicales MedTech in France.

Avec la pandémie, le secteur a lui aussi été mis en lumière. Pour preuve, le président Emmanuel Macron l'a évoqué il y a quelques mois, annonçant son objectif de voir la France produire les dispositifs médicaux de demain. En 2019, les producteurs français représentaient environ 14% du marché européen.

Au niveau mondial 1,3 million de pacemakers ont été implantés en 2019

Dans la salle blanche de MicroPort CRM (CRM correspondant à "cardiac rhythm management", ou "gestion du rythme cardiaque"), la qualité de l'air est sous un contrôle très étroit, car c'est ici que les circuits électroniques des futurs stimulateurs sont créés.

Les puces sont fabriquées par des sous-traitants, selon les spécifications de la société. Puis chacune est reliée au circuit imprimé par un fil d'or plus fin qu'un cheveu. A l'œil nu, on voit à peine le fil venir se lier à la puce, qui sera ensuite couverte de résine.

Les autres composants, comme les résistances, sont alors insérés sur le circuit, qui peut en contenir une centaine au total.

Après encore plusieurs étapes, ces circuits vont être soumis à toute une batterie de tests : électriques, thermiques, mais aussi un vieillissement en étuve, une semaine passée à 125 degrés de façon à éliminer tout "défaut de jeunesse".

MicroPort CRM a fait sa place dans un marché restreint à quelques acteurs.

Au niveau mondial, 1,3 million de pacemakers ont été implantés en 2019, selon l'entreprise. Pour les défibrillateurs, qui délivrent des chocs électriques lorsque le cœur arrête de fonctionner, c'est 5 fois moins.

Si le marché est dominé par l'américain Medtronic, MicroPort - propriété du chinois MicroPort Scientific Corporation depuis 2018 - n'a pas à rougir, et revendique 26% des parts de marché en France pour les pacemakers.

Pour faire sa place, la société investit dans la recherche, dont des pacemakers Bluetooth. Le patient se voit alors doté d'un boîtier, comme un téléphone, et les données sont envoyées au cardiologue. "Cela évite de rappeler des patients à l'hôpital. Le médecin reçoit des suivis réguliers, voire des alertes", précise Benoît Clinchamps, président de MicroPort CRM. "Cela répond à un besoin croissant de télésuivi, on l'a vu avec la crise du Covid-19", ajoute-t-il.

Mais attention, toutes les communications sont ultra sécurisées. "C'est codé sur plusieurs niveaux, ce n'est pas du langage Bluetooth usuel", souligne Benoît Clinchamps.

Afin de tester toute faille, l'entreprise a même une équipe d'ingénieurs, de "super geeks", s'amuse son dirigeant, qui "jouent les espions en interne pour essayer d’hacker le système".

Avec AFP

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