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Pourquoi les médecins devraient adorer les mutuelles ?

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Loin de nous l’idée de relancer des sujets qui fâchent ou qui font cliquer mais parfois il faut gratter un peu là où ça démange pour… vérifier que tout se passe bien, en fait !

Pourquoi les médecins devraient adorer les mutuelles ?

© IStock

Sur notre gauche, les médecins. Sur notre droite, les mutuelles. Au centre, les patients (et le gouvernement ou plutôt les gouvernements successifs). Entente cordiale ? Guerre larvée ? Passion inavouée ? Nous, chez What’s up Doc, on pense que les médecins devraient adorer les mutuelles, rien que ça, alors on est allés rencontrer Nicolas Souveton, Président d’Oxance, acteur de santé mutualiste et Franck Devulder, Président de la CSMF pour leur demander de nous raconter leur relation. Et on a appris plein de trucs, oubliés depuis des années. On a même fact-checké des bêtises. C’est parti !

 

Mutuelles + Médecins = Efficacité

 

Elles sont régulièrement montrées du doigt, pourtant les mutuelles s'avèrent être des alliées des médecins. Explications en 6 points des raisons de travailler main dans la main avec ces acteurs incontournables.

1 - > Le remboursement des patients, un service vital

Sans mutuelle, se soigner devient un parcours du combattant pour une majorité de Français. « Les médecins ne pourraient pas soigner correctement les gens s'ils étaient confrontés quotidiennement à des patients n'ayant pas les moyens de payer leurs honoraires », rappelle Nicolas Souveton. En prenant en charge tout ou partie des frais auprès de l'Assurance Maladie, les mutuelles permettent aux patients de consulter sereinement. Et aux médecins d'exercer sans craindre les impayés [1] .

À ce propos il n’est pas inutile de rappeler que « les médecins n'ont pas connu, avec les mutuelles, les difficultés vécues par d'autres professionnels de santé », nous redit Franck Devulder, président du syndicat CSMF et que les relations ne sont « pas dans une relation de bagarre ». Pour lui, il faut « responsabiliser les relations entre assurance maladie, complémentaires santé, usagers et médecins ».

Selon lui, la tarification et la valorisation de l'expertise médicale sont des enjeux clés. Il évoque « un espace de liberté tarifaire solvabilisé et encadré » qu'il nomme « l'Optam pour tous ». Ce sujet rencontre un écho « plutôt positif » auprès des mutuelles, à condition que les garanties proposées soient transparentes [2] .

2 -> Des formalités administratives réduites

Compléter les feuilles de soin, gérer les tiers-payant, et toute la paperasse liée au remboursement des actes pénalisent le temps médical. Vous connaissez le topo. Heureusement, les mutuelles planchent depuis des années sur des solutions numériques pour simplifier la vie des praticiens. Et le meilleur reste à venir. « En salariat dans nos centres de santé, les médecins n'ont qu'à soigner les gens, sans gérer la partie administrative et financière », explique Nicolas Souveton. Et en libéral ? « Le tiers-payant en 3 clics va également dans ce sens… ». C’est vrai. Autant de temps médical préservé [4] .

3 -> Un appui concret face aux déserts médicaux

Entre départs à la retraite non remplacés et manque d'attrait pour les zones rurales, de nombreux territoires manquent cruellement de médecins. Pour y remédier, les mutuelles y ouvrent des centres de santé polyvalents, proposant généralistes, spécialistes et paramédicaux.

Avec 65 % des médecins généralistes contraints de refuser de nouveaux patients (Drees, mai 2023), « Il ne doit pas y avoir de concurrence entre médecine libérale et offre mutualiste. Nous devons construire ensemble des réponses adaptées aux besoins des territoires », plaide Nicolas Souveton. Avec une implantation intelligente, centres de santé et médecins libéraux améliorent l’accès aux soins des populations

4 -> Des tarifs sans reste à charge

Autre élément appréciable pour les patients dans les structures mutualistes (centres de santé, établissements hospitaliers) : la pratique systématique du tiers-payant intégral et du tarif conventionnel secteur 1.

« Quel que soit leur niveau de couverture santé, les patients ne payent rien » souligne avec satisfaction Nicolas Souveton. Adieu les maux de tête liés aux dépassements d'honoraires et aux avances de frais.

Franck Devulder appelle au passage à réunir tous les acteurs pour refonder un « pacte social ». Les mutuelles ne doivent pas être perçues comme de simples acteurs commerciaux mais comme des partenaires du système de santé.

Pour lui, les médecins sont ouverts à la discussion avec les mutuelles pour faire évoluer le système, dans une logique de « progrès sociétal ».

5 -> Une association fructueuse en télémédecine

Plébiscitée depuis la pandémie de Covid, et avant que l'assurance maladie ne généralise la prise en charge des téléconsultations en 2018, les mutuelles proposaient déjà des offres pour leurs adhérents. La télémédecine doit être encadrée pour délivrer tous ses bénéfices, au patient comme au médecin. « C'est une offre de service en complément du parcours de soins, quand le médecin traitant n'est pas disponible ou hors heures d’ouverture. Ensuite il y a réorientation ». Ce n'est pas bon ou mauvais en soi, « c'est un outil à réguler », estime Nicolas Souveton. Les mutuelles ont massivement innové et investi dans ce secteur, pour équiper leurs propres établissements et proposer des solutions à leurs adhérents. Un atout pour raccourcir les distances et faciliter l’accès aux soins, boosté par la crise sanitaire récente.

6 -> Des acteurs majeurs de la prévention

Campagnes de dépistage, sensibilisation aux bons gestes... Les mutuelles multiplient les initiatives de prévention sanitaire. « Nous devons travailler ensemble sur ce sujet », appelle Nicolas Souveton. Mieux valoriser cet engagement auprès des médecins serait profitable à tous. Car renforcer la prévention, c'est alléger le curatif.

Les mutuelles apparaissent ainsi comme des alliées précieuses des médecins, prêtes à apporter des réponses innovantes face aux enjeux actuels : déserts médicaux, crise hospitalière, accès aux soins... À condition de collaborer étroitement, dans l'intérêt partagé des praticiens et des patients.

Au final, médecins et mutuelles semblent prêts à refonder ensemble le pacte social autour de l'accès aux soins. « Il faut responsabiliser les relations entre les différents acteurs de la santé », résume Franck Devulder. Les perspectives de collaboration sont réelles, à condition de sortir des postures défensives.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/5-etablissements-mutualistes-qui-ont-bien-merite-quon-parle-deux

Espérons que les mutuelles sauront saisir la main tendue par les médecins. Car il serait dommage que ces deux piliers de notre système de santé, si complémentaires, restent campés sur des positions mutuellement exclusives. Le chemin vers plus de solidarité est mutualisable, à condition d'y mettre chacun du sien !

Vrai Faux

- Un article mutualisé avec la Mutualité Française

Source:

 [1] Avec 7 % de reste à charge pour les ménages après prise en charge par l’assurance maladie obligatoire et l’assurance maladie complémentaire. Cette complémentarité nous place sur la 2ème marche du podium du reste à charge le plus faible au sein des pays de l’OCDE après le Luxembourg (Drees, Comptes de la santé, édition 2022)
Pour info : 390€ de reste à charge moyen annuel pour un patient en affection de longue durée (ALD) hospitalisé, après prise en charge par la Sécurité sociale, soit un niveau près de 2 fois supérieur à celui d’un autre patient (208 €). Contrairement à l’idée reçue, la Sécurité sociale ne rembourse pas l’intégralité des dépenses de santé des patients en ALD, et l’ALD ne protège pas de RAC élevés11. (Observatoire Mutualité Française 2019)
 [2] Au 1er janvier 2023, 94,4% des médecins généralistes exercent leur activité en secteur 1 et 4,8% en secteur 2.
Chez les médecins spécialistes 46,7% pratiquent en secteur 1 et 52,9% en secteur 2. 25,3% des médecins spécialistes ont adhéré à l’OPTAM ou à l’OPTAM-CO. (SNDS, 1er janvier 2023)
 [3] Les organismes complémentaires financent 16,2% des dépenses de santé .
 [4] En savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=ycxoMrbNx5U

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