François Braun : « J'entends la colère des médecins mais j'entends aussi la colère des Français »

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A quatre jours d'une nouvelle grève des médecins libéraux, sur fond de négociations tendues avec l'Assurance maladie et de proposition de loi contestée au Sénat, le ministre de la Santé François Braun maintient dans un entretien à l'AFP que sa priorité reste "de répondre aux besoins de santé de la population".

François Braun : « J'entends la colère des médecins mais j'entends aussi la colère des Français »

© Capture video du Sénat 

La journée de mardi s'annonce mouvementée. Entendez-vous la colère monter chez les praticiens ?

J'entends leur inquiétude, leur colère peut-être parfois. Mais j'entends aussi la colère des Français, qui n'arrivent pas à trouver un médecin, ni à avoir les soins dont ils ont besoin.

Mon objectif, en tant que ministre, c'est de répondre aux besoins de santé de la population. Que chaque Français qui le souhaite puisse avoir un médecin traitant, en priorité ceux qui ont une maladie chronique. Que chacun ait accès à un médecin à toute heure et partout, chaque fois qu'il en a besoin, ou à un spécialiste dans un délai adapté à sa pathologie.

Bien sûr, le médecin généraliste traitant est et restera la colonne vertébrale de notre dispositif de soins primaires. Ce serait une aberration qu'il ne soit plus au centre du jeu. Mais on ne peut pas rester dans le statu quo actuel, parce que les besoins de santé de la population sont croissants, alors que le nombre de médecins va continuer à diminuer.

La proposition de l'Assurance maladie d'une consultation à 26,50 euros a été vécue comme une provocation. Irez-vous plus loin ?

C'est un point de départ, en aucun cas une volonté d'humilier ou de mépriser les médecins. Ces 26,50 euros, qui peuvent paraitre dérisoires, c'est en moyenne pour un généraliste 7 000 euros de plus par an.

C'est aussi un point de départ parce que ça concerne tous les médecins. Il y a la base, pour tout le monde, et il y a une deuxième partie en discussion. Ceux qui iront dans une logique territoriale, pour répondre aux besoins de la population de leur territoire, ceux-là bien sûr auront une valorisation supérieure.

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Quelle somme êtes-vous prêt à engager pour parvenir à un accord ?

Le gouvernement fait déjà un geste loin d’être négligeable, avec 150 millions d'euros mis sur la table au moment où on discute (dans le budget rectificatif de la Sécurité sociale, NDLR). Ce n’est quand même pas rien !

Bien sûr il y a d'autres moyens, mais c'est aussi le principe d'une négociation, on ne va pas dévoiler ses cartes tout de suite.

Dans le même temps vous rallongez le budget de l'hôpital de 600 millions. Est-ce équitable ?

Notre système de santé fonctionne sur deux jambes, la médecine de ville et l'hôpital. Ce serait absurde de croire qu'on va aller loin en sautant à cloche-pied.

On peut être content que le gouvernement ait décidé de mettre 750 millions de plus pour notre système de santé. Et en 2023, le budget de la médecine de ville c'est trois milliards de plus que celui de l'hôpital, donc qu'on arrête de me dire qu'on favorise l'hôpital et pas la ville.

La profession est aussi remontée contre la proposition de loi qui prévoit l'accès direct aux kinés et à certaines infirmières. Envisagez-vous de bouger sur ce texte ?

Je l'ai déjà beaucoup amendé à l'Assemblée, dans le cadre d'une discussion extrêmement ouverte. Et après le passage en commission au Sénat, il y a encore des changements qui ont été apportés. On voit qu'il y a des bougés, je crois qu'il faut laisser aller la discussion parlementaire.

L'objectif de cette proposition de loi est d'abord de favoriser l'exercice coordonné et de libérer du temps médical. Ça passe par la suppression de la paperasse, mais aussi par confier certaines missions à d'autres professionnels, dans un cadre coordonné par le médecin traitant. Si j'avais un message à faire passer aux médecins, c'est de regarder ce texte dans le détail.

Avec AFP

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