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Professeur en génétique mondialement reconnu, Thierry Frébourg était un praticien phare du CHU de Rouen. Pourtant, le 12 mars 2021, il a été victime d’une erreur médicale au sein de ce même établissement. Hospitalisé au service de neurologie pour une névrite optique, il est décédé le lendemain à 60 ans au centre hospitalier de Garches (Hauts-de-Seine) où il avait été transféré.
Le conseil de l’Ordre de la Seine-Maritime s’était saisi du cas après avoir été sollicité par son épouse. Deux praticiens du service concerné ont donc été entendus par la chambre disciplinaire de Normandie de l’Ordre des médecins, qui a finalement rendu son verdict : le chef du service a reçu un blâme alors que le neurologue responsable de la prise en charge a écopé de quatre mois de suspension, dont deux avec sursis, selon Le Parisien. Une décision dont ils peuvent faire appel.
Plusieurs manquements au Code de déontologie relevés
"En règle générale, moins d’une plainte sur deux aboutit à une sanction déontologique et les suspensions sont particulièrement rares. Cette décision est révélatrice des défaillances de notre système de santé qui ont conduit à ce drame", a déclaré au Parisien, Me Antoine Béguin, l’avocat de la famille.
La chambre disciplinaire a relevé plusieurs manquements au Code de déontologie médicale, ainsi qu’un protocole inadapté ayant conduit à la faute médicale : un cathéter mal retiré qui a provoqué en quelques heures une gazeuse pulmonaire fatale.
Le manque de soutien et d’empathie envers la famille est également pointé, tout comme l’absence de confraternité pour sa femme, elle-même docteure en biologie au CHU de Rouen.
La chambre disciplinaire rappelle également la publication par ce dernier d’un "communiqué de presse faisant valoir, de façon grossièrement et évidemment erronée, que le décès du professeur F. était dû à une complication aigüe de la maladie pour laquelle on le soignait". Une assertion rapidement démentie puisque la Commission de conciliation et d’indemnisation de Normandie a depuis clairement établi la faute médicale.
Des excuses publiques toujours attendues
Pourtant, pour Olivier Frébourg, le frère du défunt, auteur d’un livre consacré au professeur paru début octobre, la faute morale est peut-être encore plus grave. "Ne pas dire toute la vérité sur la mort d’un homme, c’est le tuer deux fois", assure-t-il dans son ouvrage, où la personnalité solaire de son frère contraste avec la froideur d’une institution qui, selon lui, "s’est dès le début enfermée dans le déni".
Aujourd’hui, ce dernier, même s’il considère que "la décision rendue par la chambre disciplinaire est une première victoire dans notre quête de justice", attend encore que le CHU de Rouen reconnaisse officiellement ses torts. Pour l'instant, "l’institution préfère suivre sa logique jusqu’au bout alors qu’elle devrait faire preuve de courage en assumant ses fautes."
Finalement, pour lui, ce comportement est le symptôme d’un mal plus profond, qui ronge de l’intérieur la santé publique en France, où "le comptable et le DRH ont pris le pas sur l’infirmier et le chirurgien", regrette-t- il avec amertume,"des dérives contre lesquelles mon frère s’était toujours élevé".