Un rapport du Sénat met du plomb dans l’aile de l’aide active à mourir

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Changer la loi pour permettre une aide active à mourir en France serait une voie « inappropriée et dangereuse », conclut un rapport de la commission des Affaires sociales du Sénat, à dominante LR, remis mercredi et source de divergences avec la gauche.

Un rapport du Sénat met du plomb dans l’aile de l’aide active à mourir

© IStock

Nouvelle illustration des clivages sur la fin de vie, une position commune a été impossible à dégager entre les trois autrices. Le rapport, dévoilé en primeur par Public Sénat, présente la position que les LR Corinne Imbert et Christine Bonfanti-Dossat jugent "susceptible de réunir la majorité des suffrages des membres de la commission" : une "opposition à l'ouverture de toute forme d'aide active à mourir".

A l'image d'une large majorité de la gauche, la socialiste Michelle Meunier demeure, elle, favorable à l'ouverture tant de l'assistance au suicide que de l'euthanasie.

Pour les sénatrices LR, la demande sociale est "diffuse et équivoque" et "l'ouverture d'une aide active à mourir est périlleuse à de nombreux égards", faisant d'un changement législatif "une gageure".

La situation de la fin de vie est "certes perfectible" mais "n'exige pas" de nouvelle loi

Christine Bonfanti-Dossat et Corinne Imbert pointent la complexe définition des critères d'une aide active à mourir, et les difficultés propres au suicide assisté (capacité notamment à s'auto-administrer le produit létal) et à l'euthanasie (rôle des soignants, etc).

Elles invoquent aussi certains exemples étrangers pour alerter sur "un encadrement a posteriori extrêmement difficile" ou sur une "offre (qui) crée sa propre demande".

En France, la situation de la fin de vie est "certes perfectible" mais "n'exige pas" de nouvelle loi, jugent-elles, défendant une meilleure connaissance et application de loi Claeys-Leonetti de 2016.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/forum/themes/605

A l'unisson de la position dominante à droite et chez nombre de soignants, les sénatrices LR considèrent notamment que "les soins palliatifs seraient en capacité de répondre aux souffrances de patients et à la prise en charge nécessaire en fin de vie", si cette loi était pleinement effective.

Mettant en garde contre une "banalisation de nature à brouiller quelques repères sociaux fondamentaux", ces élues invitent à "privilégier la sollicitude au nihilisme".

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/le-debat-sur-la-fin-de-vie-sacheve-certains-medecins-sinquietent-deja-leuthanasie-et-le

Un projet de loi sur une aide active à mourir doit être présenté d'ici la fin de l'été par Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé qui pilote le dossier, selon le calendrier annoncé par Emmanuel Macron. Le gouvernement ne semble cependant pas univoque, les ministres de la Santé François Braun et des Solidarités Jean-Christophe Combe ayant exprimé des réserves que ne manquent pas de relever les sénatrices.

Avec AFP

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