Plus de 600 médecins ont démissionné de leurs fonctions administratives

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Plus de 600 médecins ont désormais démissionné de leurs fonctions administratives. Ils demandent la mise en place d'un réel plan d'urgence, pour notamment faire face à l’épidémie du coronavirus.

Plus de 600 médecins ont démissionné de leurs fonctions administratives

Cette semaine, chaque jour ou presque, le collectif Inter-Hôpitaux (CIH) a annoncé la démission de nouveaux médecins, afin de protester contre l'absence de mise en place d'un réel plan d'urgence pour l'hôpital mettant fin à l'austérité budgétaire. Ce lundi 3 février, nous vous faisions part de la démission de 18 médecins de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP), 5 à Brest et 36 à Caen, ce qui faisait un total de 250 depuis le 27 janvier…

Un décompte infernal auquel il a fallu ajouter dans les jours qui suivirent Nantes (7 démissions), Marseille (63 démissions), Avignon (9 démissions), Annecy (13 démissions), le CH sud francilien (Essonne / 31 démissions)… Mais aussi Montauban, Pau, La Réunion, Grenoble, Saint-Etienne, Toulouse, Limoges, Ville-Evrard, Niort... Sans oublier les 80 démissionnaires de Seine-Saint-Denis

Si bien que plus de 600 médecins avaient démissionné de leurs fonctions administratives ce vendredi 7 février. L’occasion pour le CIH de rappeler qu’il manque toujours 600 millions d’euros en 2020, pour « permettre de stopper la fuite des personnels non médicaux sous-payés et de recruter les personnels nécessaires pour assurer la qualité des soins et la sécurité des patients ».

Absence de réponse de la ministre 

Alors qu’Agnès Buzyn a annoncé qu’elle recevrait les médecins démissionnaires mi-mars pour évaluer l'effet des mesures décidées le 20 novembre dernier, le collectif réaffirme l'urgence de la situation et déplore « l'absence de réponse » de la ministre et du Premier ministre aux demandes des acteurs de l'hôpital public mobilisés depuis plusieurs mois.
 
« Le gouvernement n'a visiblement pas pris la mesure de la gravité de la crise et devra assumer, si rien n'est fait, la pleine responsabilité des drames humains qui s'annoncent », a déclaré le CIH dans un communiqué daté du 6 février.

Prise en charge du Coronavirus

Et de citer l’exemple de l'hôpital Bichat, centre de référence pour la prise en charge du Coronavirus. Là-bas, le service de médecine interne, celui qui reçoit le plus de malades après leur passage aux urgences, « vient de fermer 10 lits il y a 48 heures car seuls 11 postes d'infirmières sur 22 sont pourvus », poursuit le communiqué.
 
Et d’ajouter qu’il n'y aurait plus de cadre infirmier titulaire dans ce service pour gérer la crise. Quant au service de réanimation médicale (dans lequel sont hospitalisés 2 patients atteints par le coronavirus), il doit faire face à 2 lits fermés depuis plusieurs mois par manque d'infirmières…
 
Un exemple concret qui montre bien que « ni les primes ciblées annoncées ni l’allègement d'une partie de la dette échelonnée sur 3 ans, ne permettront d’empêcher l'effondrement en cours de l'hôpital public », estime le CIH qui demande au président de la République de « répondre rapidement aux appels au secours lancés par les personnels hospitaliers et les usagers réunis au sein du Collectif Inter-Hôpitaux ».

Soutien des doyens

Dans leur combat, le CIH vient également de recevoir un soutien de taille. Dans un courrier adressé à la communauté hospitalo-universitaire, la conférence des doyens de santé d’Île-de-France dit « comprendre les raisons qui poussent certains d'entre eux (directeurs de DMU, présidents de CMEL et CME...) à démissionner, les assurent de leur soutien et soulignent ce que cela peut représenter comme manifestation de colère et de désespoir ».

Mais les doyens considèrent que ces démissions créent « une situation inédite qui ne peut se pérenniser sans risque ». Ils invitent donc le gouvernement, la direction de l’AP-HP et les directions des GH à « mieux écouter le malaise profond de l’hôpital public ».
 
Enfin, ils demandent aux directeurs d’établissement de « relayer auprès de leur tutelle cette inquiétude profonde des soignants et cette situation particulièrement dégradée qui empêche l’hôpital public d’assurer sa mission ».

Reste à savoir quand le gouvernement et la ministre de la Santé réussiront à retirer les bouchons qui bouchent leurs oreilles...

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