Pesticides : les enfants d'agriculteurs ont plus de risques de développer des leucémies, tumeurs et malformations

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Alors que la question des pesticides est revenue au coeur de l'actualité politique avec la mobilisation agricole, le CHU d'Amiens a lancé fin 2023 une consultation pour étudier le lien entre pathologies pédiatriques et produits phytosanitaires. Les enfants dont les parents ont été exposés aux pesticides présenteraient un sur-risque de développer leucémies, tumeurs cérébrales ou malformations.

Pesticides : les enfants d'agriculteurs ont plus de risques de développer des leucémies, tumeurs et malformations

© Midjourney x What's up Doc

À trois ans, Maxence, originaire de l'Oise, se fait diagnostiquer une leucémie au CHU d'Amiens. "Un enfer sur terre", se remémore sa mère Perrine dans le bureau du Dr Sylvain Chamot, médecin à l'initiative de cette consultation pionnière en France.

Les parents, orientés par le médecin de l'enfant, veulent aujourd'hui établir si la maladie de Maxence, en rémission, peut être imputée aux pesticides, le père Ludovic ayant utilisé du glyphosate en tant qu'agent d'entretien des espaces verts.

"Nous réalisons un bilan détaillé des expositions professionnelles et environnementales de la famille" pour éventuellement établir "une présomption de lien avec l'apparition de la maladie chez l'enfant", explique le Dr Chamot.

Il s’attarde plus spécifiquement sur l'exposition aux pesticides dans les "six mois avant la conception pour le père" et pendant "la grossesse pour la mère".

Selon le médecin, une telle exposition peut engendrer chez les enfants une augmentation du risque de développer des leucémies, des tumeurs cérébrales, des hypospadias et des fentes labio-palatines.

Il estime à "plusieurs centaines" le nombre d'enfants potentiellement concernés en France.

Vers une indemnisation

Parmi les familles reçues en consultation, le père est souvent agriculteur, relève le Dr Chamot. "C’est la situation la plus typique. Les pesticides, c'est leur quotidien".

Mais il leur répète : "Vous n’êtes pas responsable de la maladie de votre enfant, c’est notre société qui est responsable de l’utilisation des pesticides."

"Se dire que son travail ou ce à quoi on croit depuis des années nous rend malade, c’est compliqué et c’est encore plus compliqué quand ça concerne nos enfants", souligne Claire Bourasseau, responsable du service d’aide aux victimes de l'association Phyto-victimes.

La mobilisation des agriculteurs a abouti jeudi à une concession de la part du gouvernement, qui a décidé de mettre "en pause" le plan Ecophyto visant à réduire l'usage des pesticides. Un "recul majeur" selon des ONG environnementales.

"La science avance pour déterminer exactement quels types de pesticides est en cause et mieux connaître les facteurs déclenchant", explique Antoine Gourmel, chef de service onco-hémato pédiatrique au CHU d'Amiens.

Il explique que les enfants d'agriculteurs présentent un sur-risque de "20% à 30%" de développer l'une de ces pathologies. Quant à savoir quelles substances interdire ensuite, cette décision appartient selon lui au politique. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/une-etude-precise-la-responsabilite-des-pesticides-des-vignes-dans-les-leucemies-chez-les

In fine, l'objectif de cette consultation, lancée en octobre 2023, est que les familles remplissent un dossier au Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides (FIVP). Une demande que les parents comptent remplir, qui espèrent "que ça bouge" et que "les cancers pédiatriques reculent"

Pour le Dr Chamot, si le fond d'indemnisation a été créé, c'est parce que la "société reconnaît qu'elle fait certainement une erreur en continuant d'utiliser des pesticides qui, potentiellement, peuvent avoir des conséquences".


Avec AFP

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