Les syndicats demandent le report de la 4e année d’internat : « Tout est trop flou, 4 500 € selon les conditions de travail, la zone, les nuits, ce n’est pas si intéressant »

Article Article

François Braun a présenté son rapport sur la 4e année d’internat en médecine générale, pour « renforcer la formation et la professionnalisation des médecins généralistes, faciliter et sécuriser leur installation » et « répondre aux besoins de santé croissants de la population, en particulier dans les territoires plus isolés ». Qu’en pensent les syndicats d’étudiants et d’internes ?  

Les syndicats demandent le report de la 4e année d’internat : « Tout est trop flou, 4 500 € selon les conditions de travail, la zone, les nuits, ce n’est pas si intéressant »

© IStock 

Premier bémol émis par les syndicats la date : « On se rappelle tous des engagements qui avaient été pris sur la publication des textes avant les choix des futurs internes aux ECN, pour qu'ils puissent faire leur choix en tout état de cause. Cela ne sera pas le cas, le gouvernement parle de la publication d’un premier texte pour la fin juillet. » dénonce de prime-abord Olivia Fraigneau, présidente de l’ISNI. L’Anemf déplore aussi ce timing serré : « Les dernières réformes des études de médecine (réforme d’entrée dans les études de santé, réforme du second cycle…) pâtissent d’un manque d’anticipation cruel de la part du ministère. Face à nos exigences, le ministre s’était engagé à publier l’ensemble des textes règlementaires avant les ECN afin de garantir un choix éclairé des étudiants. Cette promesse n’a pas été tenue et met en exergue l’irresponsabilité dont fait preuve le Gouvernement depuis novembre 2022. »

François Braun entend envisage cette quatrième année comme « une année de consolidation » avant l’installation. Les nouvelles modalités seront dans les grandes lignes :

  • « deux stages supplémentaires de six mois, en ambulatoire, dans un cabinet médical, sous l’autorité́ d’un praticien maître de stage universitaire (MSU). Sauf cas particulier, les deux stages seront effectués dans le même cabinet, afin de véritablement se plonger et se projeter, avec réalisme, sur une période assez longue. »

Pour Olivia Fraigneau cette décision pose « des questions d'équités pour les internes, sur les choix. Notamment tous ceux qui seraient décalés pour cause de grossesse, de master ou autre. La majorité des internes vont commencer leur docteur junior en novembre mais une partie commenceront en mai, notamment les internes femmes qui auront eu une grossesse pendant leur internat, car elles se décalent de 6 mois en raison d’un stage invalidé. Les autres auront choisi leurs terrains de stage, celles et ceux qui seront en décalés devront prendre ce qui reste. »

Même si la présidente de l’ISNI, voit « la réalisation de la dernière année en ambulatoire » comme un « message positif, peut-être le seul ».

Au contraire l’Isnar-img estime que « la décision du ministère de rendre la Permanence Des Soins Ambulatoires (PDSA) obligatoire pour les docteurs juniors sans aucune précision et la réduction du délai alloué aux internes pour soutenir leur thèse constituent un recul de nos droits. » Car en effet, les médecins généralistes devront désormais soutenir leur thèse dans leurs quatre années d’internat.

  • « De plus, puisqu’ils sont considérés, je le répète, comme de véritables professionnels en début d’exercice durant cette année supplémentaire, les internes devront participer à la permanence des soins ambulatoires (PDSA). »
  • « L’ensemble de la maquette de formation, des désormais huit semestres de médecine générale, a été revue en profondeur, en incluant une véritable formation à l’installation. Dans ce cadre, au cours de la phase d’approfondissement [2e et 3e année], un stage mixte réparti entre la pédiatrie et la gynécologie obstétrique sera intégré au cursus. » reprend François Braun
  • « Pour que cette année soit véritablement professionnalisante et attractive, les internes percevront, en plus de leur rémunération de « Docteur Junior », une rétrocession d’honoraires de 20% du montant des honoraires réalisés, dans la limite d’un plafond de 30 consultations par jour, et d’un plancher de 10 consultations quotidiennesEnfin, et c’est là véritablement un point qui me tient à cœur, pour inciter les internes à réaliser leur formation dans les territoires les moins dotés en professionnels de santé́, ils recevront une indemnité́ supplémentaire s’ils choisissent d’effectuer cette quatrième année en zone sous-dense. L’ensemble de ces rémunérations pouvant s’additionner jusqu’à 4 500 euros nets par mois ! »

Les syndicats d’internes demandent donc le report de cette quatrième année tant que tous les textes réglementaires n’auront pas été rendus publics 

Pour Olivia Fraigneau, tout est encore trop flou, elle précise par exemple que « le montant de la prime pour les zones sous-denses n’est pas précisée. 4 500€ net, cela représente une rémunération conséquente, bien au-delà de celle des autres docteurs juniors qu’ils faudra penser à revaloriser aussi. Des questions qui restent en suspens.  Est-ce que les docteurs juniors à l'hôpital auront aussi une prime de zone sous dense s'ils choisissent des hôpitaux qui sont particulièrement sous tension ? On ne connait pas non plus le montant des primes pour les PDSA, si elles seront comprises dans les 4 500 euros net maximum. De plus 4 500 euros par mois reste très en dessous du salaire d’un médecin généraliste qui se serait installé à la place de cette 4e année. »

« Si c’est 4 500 € en voyant 30 patients par jour, en travaillant je ne sais pas combien de nuits par mois en plus, et en étant en zone sous dense, ce n’est pas si intéressant » conclut Olivia Fraigneau.

François Braun reste positif sur sa réforme : « Pour cela, je crois vraiment à cette méthode positive qui est la nôtre, d’incitation et de découverte encadrée de la multiplicité́ de possibilités d’exercice. »

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/la-reforme-de-la-quatrieme-annee-une-insulte-de-plus-envers-les-internes-la-goutte-de-trop

Il en ressort pour les syndicats Isnar-Img, ISNI et l’Anemf un sentiment de flou, tous unanimement demandent le report dans l’attente. « Sans les textes, nous ne savons pas ce qu’il y aura dedans. Les étudiants qui sont en ce moment en 6e année et qui vont passer le concours ont une date maximale pour demander à redoubler qui est en mi-juillet. Comme les textes n’auront pas été publiés, soit, ils ne vont pas choisir médecine générale, soit ils vont choisir de redoubler. On risque d’avoir moins d’internes ou d’autres vont choisir med gé et vont se rendre compte que cela ne leur convient pas et ce sera trop tard. Cela créé une situation où les internes ne vont pas savoir ce qu’ils peuvent faire et ce qui est le mieux pour leur avenir.

Les syndicats d’internes demandent donc le report de cette quatrième année tant que tous les textes réglementaires n’auront pas été rendus publics car le gouvernement n’est pas prêt. Tout est trop flou ».

Les gros dossiers

+ De gros dossiers