Brésil : Lula résiste face aux pesticides, « insuffisant » selon les ONG

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Le président brésilien a opposé jeudi son veto à des points clés d'une loi controversée qui assouplit les règles sur les pesticides dans le pays, géant agricole et premier consommateur mondial de produits phytosanitaires agrotoxiques. Une posture inefficace selon les détracteurs de la loi qui pointent des critères d'interdiction trop vagues. 

Brésil : Lula résiste face aux pesticides, « insuffisant » selon les ONG

© AFP/Archives 

Selon un communiqué de la présidence, "Après avoir consulté les ministères concernés", Lula a opposé son veto à 14 sections d'une douzaine d'articles de la loi, qui entend faciliter la certification de nouveaux pesticides, et accorder des pouvoirs de décision plus importants au ministère de l'Agriculture.

Mais selon Greenpeace, "les articles ayant fait l'objet d'un veto ne sont pas suffisants pour garantir que la population évite certains des aspects les plus nocifs" de la loi.

L'ONG a fustigé dans un communiqué  "un projet de loi qui mettra plus de produits agrochimiques toxiques dans la nourriture des Brésiliens et polluera encore plus l'environnement".

L'agro-négoce, l'un des principaux moteurs de l'économie brésilienne, suit un modèle productiviste dont un pilier est l'usage intensif de pesticides. Le pays en a consommé 719 507 tonnes en 2021, soit 20% du total commercialisé dans le monde, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Dans les cartons de la Chambre des députés depuis 1999, le texte avait été remis à l'ordre du jour en 2022 par les députés défendant les intérêts de l'agro-négoce - le plus influent groupe de pression du parlement - avec le soutien du président de l'époque, Jair Bolsonaro, fervent défenseur du secteur.

Surnommé "loi du poison" par ses détracteurs, le texte a fait l'objet d'intenses négociations entre les sénateurs et le gouvernement du président de gauche Lula.

Des critères d'interdiction trop vagues 

Si le gouvernement est parvenu à maintenir le terme "agrotoxique", que les députés avaient remplacé par les mots "pesticide" et "produit phytosanitaire", jugés plus neutres, il n'a pas empêché un changement majeur : certains pesticides, notamment des produits au caractère cancérigène ou mutagène prouvé ou provoquant des dommages pour l'environnement, ne seront plus automatiquement interdits.

Désormais, l'interdiction concernera les produits présentant "un risque inacceptable" pour l'être humain ou l'environnement, un critère jugé trop vague par les opposants au texte.

"Une analyse des risques va s'appliquer, mais nous ne savons pas comment elle va se dérouler ni qui va s'en charger", a indiqué à l'AFP Suely Araujo, ancienne présidente de l'Agence brésilienne de protection de l'environnement (Ibama).

En outre, avec la nouvelle loi, les pesticides exclusivement destinés à l'exportation pourront être produits dans le pays sans avoir besoin d'autorisation.

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Alors que Lula se pose en champion de l'Amazonie, où la déforestation a chuté depuis son retour au pouvoir en janvier, le dossier des pesticides entache son bilan, selon les défenseurs de l'environnement.

Avec AFP

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