"On sent monter, comme tout le monde, cette ambiance d’intolérance"

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La Conférence des doyens de médecine s’indigne d’actes racistes et antisémites perpétrés à l’encontre d’enseignants, d’autorités et d’étudiants. Jean Sibilia, le président des doyens, signe un communiqué dans lequel la conférence promet d’agir à l’instant même où elle sera saisie d’un tel comportement.

"On sent monter, comme tout le monde, cette ambiance d’intolérance"

Whats's Up Doc. Votre communiqué répond-il à des faits précis et récents observés dans les facultés ?

Professeur Jean Sibilia. Il n’y a pas eu d’actes précis ces derniers jours, ni de rapport avec les évènements rapportés dans la presse nationale. En revanche, nous avons observé des tags à la faculté de Créteil, à Lyon et à Grenoble, où le président de l’université était directement visé. Il y a eu cette plainte pour injure et harcèlement à caractère antisémite déposée par une étudiante en médecine à Bobigny (lire notre interview de Daniel Verba). Et je suis passé dans les amphis, sur les tables, on trouve aussi des graffitis ou des gravures antisémites. Cette intolérance est intolérable et l’actualité malheureusement nous donne l’occasion de le rappeler.

WUD. Ces faits sont-ils en augmentation ?

Pr J. S. Nous ne disposons d’aucun outil pour affirmer cela. Néanmoins, on sent monter, comme tout le monde, cette ambiance d’intolérance. Or une faculté de médecine - plus qu’une autre peut-être - doit défendre une certaine vision citoyenne et sociétale. S’il y a un endroit où l’on doit favoriser la cohésion sociale, c’est bien dans les amphis de la faculté, au sein d’une institution qui a une vocation humanitaire et sanitaire. Essayons de bien vivre ensemble et arrêtons de véhiculer cette agressivité et ces ondes négatives comme on le voit sur les réseaux sociaux. Il faut que l’on sorte de ça. Et si le monde académique ne diffuse pas ce message là, qui le portera ?

WUD. Quels sont les leviers qui peuvent être actionnés contre ces gestes à la fac ?

Pr J. S. La tolérance zéro c'est dénoncer ces actes et ne plus les subir. C’est libérer la parole. Dans toutes les facultés il y a désormais des commissions bien-être où le moindre fait, la moindre parole qui vient à l’encontre du vivre ensemble peuvent être signalés. Toute intolérance doit y être rapportée, et le sexisme et l’homophobie en font partie. Derrière, si nécessaire, la commission disciplinaire pourra être saisie. Et au-delà, les propos antisémites, racistes ou discriminants sont des faits punis par la loi.

 

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