Dans les couloirs d’un hôpital allemand, qui soigne des centaines de blessés de guerre ukrainiens

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Dès les premiers jours de l'invasion russe en Ukraine, Vitaliy est parti combattre sur le front de Kharkiv, à l'est du pays. Olga, chirurgienne orthopédique, opérait à l’hôpital à Kiev. C’est au complexe hospitalier de la Charité à Berlin que leurs destins se croisent, lui blessé, elle médecin réfugiée en Allemagne depuis un an.

Dans les couloirs d’un hôpital allemand, qui soigne des centaines de blessés de guerre ukrainiens

© IStock

Olga participe aux soins de Vitaliy, blessé sur le front.

Le soldat de 50 ans, qui témoigne sous couvert d'anonymat, a été blessé par balles dans la région de Kharkiv peu de temps après le début de l'invasion russe, le 24 février dernier. Touché sur plusieurs membres, il y a laissé un bras, amputé, mais a bénéficié rapidement d'un programme de coopération permettant de se faire soigner à l'étranger.

Arrivé à Berlin peu de temps après sa blessure, il a déjà subi une dizaine d'opérations, et entrevoit des signes d'espoir. Les médecins lui disent que sa jambe sera sauvée alors qu'en Ukraine, l'ablation avait été envisagée.

Et il pourra bénéficier d'un bras artificiel. "C'est important pour moi. Quand je reviendrai chez moi, je dois conduire ma voiture", dit ce mineur de profession, qui s'exprime en russe.

Tous les jours, un médecin passe le voir, accompagné d'Olga Pidgaiska, qui traduit les instructions et informations données à son patient. Les compétences de cette chirurgienne d'une quarantaine d'années, réfugiée en Allemagne depuis plus d'un an avec sa mère et son fils, lui ont permis de trouver un poste dans ce grand hôpital de Berlin.

Des milliers de soldats ukrainiens ont été soignés dans les pays de l’UE

Des milliers de soldats ukrainiens ont été soignés dans les pays de l'UE depuis le début de la guerre grâce au mécanisme européen de protection civile, mis en place par la Commission européenne.

Rien qu'en Allemagne, près de 800 d'entre eux ont été accueillis, dont une cinquantaine dans ce service, dédié aux blessures musculaires et squelettiques.

Du jamais vu, selon le docteur Sven Märdian, chef de la section de chirurgie traumatologique : "cela nous est déjà arrivé avec d'autres conflits, mais pas avec une telle échelle".

Pour ces patients, la reconstruction est longue. Ils restent en moyenne entre 3 et 6 mois loin des leurs, dans un quotidien ponctué par les injections d'antibiotiques et les examens médicaux.

Les soldats ramènent des hôpitaux ukrainiens surchargés des bactéries multirésistantes

Vitaliy sort parfois de sa chambre à l'aide de son fauteuil roulant pour une courte pause cigarette ou pour discuter avec Oleh, 37 ans, drapeau de l'Ukraine sur le T-shirt et tatouages sur les bras, un autre blessé de guerre.

Lui a marché sur une mine. Il est arrivé à la Charité en début d'année, avec une large plaie sur la hanche droite. Il a été opéré plusieurs fois mais des infections graves et répétées ont perturbé la cicatrisation.

Les bactéries multirésistantes que les soldats amènent des hôpitaux ukrainiens surchargés et qui infectent leurs blessures posent "un défi médical" pour le traitement de ces patients, selon le docteur Märdian.

Mais avec des "protocoles spéciaux d'antibiotiques", réalisés par des infectiologues, des miracles sont pourtant réalisés, se félicite-t-il.

Un suivi psychologique de ces patients pas comme les autres est organisé

Le traitement psychologique de ces patients, coupés de leurs proches pendant plusieurs mois, fait l'objet d'un suivi particulier, avec des professionnels et un service d'urgence dédié.

"C'est dur d'être loin de ma famille, mais je fais au mieux", dit Vitaliy, assurant appeler ses proches "toutes les demi-heures".

Sur sa table de chevet sont posés des sucreries, une pastèque et des paquets de cigarettes.

Originaire de Dnipro (est) Vitaliy a une femme et deux fils, restés en Ukraine. Son aîné est parti au front.

Lui se voit reprendre un rôle dans l'effort de guerre, dans la mesure de ses possibilités, après son retour "dans pas longtemps" en Ukraine.

"J'ai des obligations militaires", dit-il.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/siversk-en-lukraine-une-medecin-toujours-au-service-de-ses-malades-malgre-les-bombardements

Après le lancement en juin d'une contre-offensive visant à libérer les territoires occupés par la Russie, l'Ukraine a revendiqué des gains modestes, de premières avancées pour une opération appelée à durer.

Avec AFP

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