Cliniques et médecins libéraux, un front uni contre le gouvernement

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Deux syndicats de médecins libéraux ont décidé de rejoindre les cliniques privées dans leur fronde contre les tarifs hospitaliers 2024 : ils suspendent leurs propres négociations tarifaires avec l'Assurance maladie, pourtant censées entrer dans leur dernière ligne droite.

Cliniques et médecins libéraux, un front uni contre le gouvernement

© Midjourney x What's up Doc

L'Assurance maladie a pris acte de cette décision et a reporté la séance de négociations prévue aujourd’hui avec l'ensemble des six syndicats représentatifs de médecins libéraux, généralistes et spécialistes.

Le directeur général de la Caisse nationale d'Assurance maladie, Thomas Fatôme, "déplore le retard pris dans l'aboutissement des négociations conventionnelles".

Ces négociations, très attendues, ont pour but de revaloriser la rémunération des médecins, qui doivent en contrepartie prendre des engagements collectifs en faveur de l'accès aux soins. Après leur échec l’année dernière, elles ont repris à l'automne, les médecins saluant la méthode "nouvelle" et les gages offerts par le ministère 

Mais dans la nuit de mercredi à jeudi, l'organisation majoritaire chez les médecins spécialistes, Avenir Spé-Le Bloc, et le syndicat UFML-S, ont annoncé qu'ils suspendaient leur participation, en soutien aux cliniques privées, qui contestent les arbitrages gouvernementaux sur l'évolution des tarifs hospitaliers pour 2024.

La FHP a appelé à une grève totale à partir du 3 juin

Le gouvernement a annoncé la semaine dernière que les tarifs hospitaliers du secteur privé lucratif n'augmenteraient que de 0,3% en 2024, contre 4,3% pour les hôpitaux publics ou privés à but non lucratif, déclenchant l'ire de leurs représentants.

La fédération de l'hospitalisation privée (FHP) a appelé mercredi les 1 030 cliniques et hôpitaux privés à une "grève totale" à partir du 3 juin, à l'exception des services apportant des "soins vitaux" (dialyse, chimiothérapie etc.). Avenir Spé-Le Bloc et l'UFML-S appellent désormais leurs adhérents à s'y joindre.

Une conférence de presse doit réunir en fin de matinée plusieurs syndicats médicaux, mais le premier syndicat des généralistes, MG France, et l'influent CSMF, n'y participeront pas.

"La décision du gouvernement est une déclaration de guerre. Tous les établissements non rentables vont fermer", et cela "impactera quasi-immédiatement les professionnels libéraux qui y travaillent et l'accès aux soins", a expliqué à l'AFP le représentant d'Avenir Spé-Le Bloc, Patrick Gasser.

"C’est la médecine libérale qui est attaquée, menacée dans son existence même, au travers de la déstabilisation orchestrée de l’hospitalisation privée", écrit de son côté l'UFML-S.

Pour le CSMF, Frédéric Valletoux agit en « ennemi de la médecine libérale »

Les décisions du gouvernement aggravent une situation "déjà critique", estime la FHP, car les charges des hôpitaux et cliniques "augmentent de façon exponentielle". La part d’hôpitaux privés en déficit, "passée de 25 à 40% entre 2021 et 2023, atteindra dans ces conditions le niveau alarmant de plus de 60% en 2024", a-t-elle assuré.

Le ministre délégué de la Santé Frédéric Valletoux, ancien président de la FHF (Fédération des hôpitaux publics) "persiste et signe", comme "un ennemi de la médecine libérale", a dénoncé hier le docteur Franck Devulder, président de la CSMF, syndicat qui réunit généralistes et spécialistes.

Mais il a jugé que ces tarifs et les négociations conventionnelles étaient "deux sujets différents" et a exclu à ce stade de claquer la porte.

Le gouvernement justifie le tour de vis budgétaire sur les établissements privés par les contraintes qui pèsent sur les finances publiques.

"La campagne tarifaire 2024 est la première post-crise" Covid-19 et "marque la fin du quoi qu'il en coûte", a déclaré mercredi Marie Daudé, directrice générale de l'offre de soin au ministère de la Santé.

"Le gouvernement a fait le choix de valoriser plus que d'autres des activités comme les soins palliatifs, les greffes", et "la médecine en hospitalisation complète", qui sont plus présentes dans les hôpitaux publics que dans le privé, a-t-elle dit.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/medecins-hospitaliers-letat-sattaque-au-contrat-de-type-2-qui-permettait-le-contournement

Les maternités vont bénéficier d'une hausse de tarif de 3%, qu'elles soient de statut public ou privé, a ajouté la responsable.

Avec AFP

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