A Bamako aussi, Octobre est rose avec MSF

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Le mois d’octobre est l’occasion de sensibiliser à l’importance du dépistage du cancer du sein. Médecins sans Frontières (MSF), au Mali depuis 2018, a lancé cette année une campagne de sensibilisation. Entretien avec le Dr Clément Van Galen, référent médical du projet oncologie MSF au Mali.

A Bamako aussi, Octobre est rose avec MSF

Cette année, MSF a profité du mois d’octobre, symbole mondial de la lutte contre le cancer du sein, pour étendre ses actions à Bamako, au Mali. « C’est la première année que l’on participe activement à cette campagne », nous explique Clément Van Galen. « L’année passée, il y avait seulement une conférence et une marche, sur une journée, organisées par des médecins spécialistes et des associations », poursuit-il.  

Cette année, l’organisation a décidé de participer plus en amont pour que prévention et dépistage soient au cœur des préoccupations durant tout le mois. « On a prévu cela bien à l’avance, afin de participer à la campagne, de soutenir les initiatives existantes par les associations, médias et médecins. La campagne est plus variée et plus étalée sur le mois d’octobre », précise Clément Van Galen.

L’action de sensibilisation passe par des opérations de communication, via des affiches dans la ville, des t-shirts, des spots à la télé, à la radio, sur les réseaux sociaux ou encore les « causeries » organisées par les associations. « Il y a également des campagnes d’informations, préparées par des crieurs qui vont dans les quartiers pour informer des jours où il y aura un dépistage gratuit », poursuit Clément Van Galen. Cela permet d’aller dans les villages et quartiers plus reculés pour inciter les femmes à venir jusqu’au centre le plus proche.  

« La sensibilisation est importante, elle permet d’informer sur le cancer, et d’arriver à faire comprendre aux femmes que le cancer se guérit, et d’autant mieux s’il est pris à temps ». Le but : mobiliser la société, les associations, les groupes de familles, de patients, pour que les femmes puissent au moindre doute aller dans le centre de santé le plus proche, afin qu’un spécialiste puisse les orienter.

Mais l’engagement ne se limite pas au mois d’octobre. Depuis 2019, MSF vient en soutien des médecins et autorités locales pour renforcer le dépistage du cancer du sein.

A Bamako, le programme "Week-end 70" permet aux femmes d’avoir accès à des palpations mammaires gratuitement tous les vendredi et samedi dans un tiers des centres de santé.

« Pour Octobre Rose, on a soutenu cette initiative, on a proposé que ce soit toute la semaine, du lundi au samedi, dans les centres plus importants, avec un par commune et un par hôpital », poursuit Clément Van Galen.

3 appareils de mammographies pour plus de 700 000 femmes

A Bamako, et a fortiori au Mali, les défis face au dépistage et à la prise en charge du cancer du sein sont nombreux. « Il faut d’une part suffisamment de matériel et d’autre part des professionnels formés à leur usage et l’interprétation des résultats. Pour le sein, avant d’arriver au stade de la biopsie, il faut passer par la mammographie et donc disposer d’un appareil mais également d’un radiologue apte à lire les clichés et tout cela, pas trop éloigné des patientes. »

©MSF/Mohamed Dayfour

Bamako compte environ 4 millions d’habitants dont 777 756 femmes considérées en âge d’être dépistées (au Mali, les autorités souhaitent un dépistage de 11 à 99 ans). Pourtant, « seulement 3 appareils de mammographie sont fonctionnels dont deux qui sont dans le privé. Si on dépiste une masse pendant la palpation mammaire, on a ensuite besoin de faire une échographie, qui dira ensuite si on doit faire la biopsie ». Or, si la patiente sent une boule dans son sein à la palpation mais que dans le centre de santé on ne peut faire ni échographie, ni mammographie ni biopsie, il y a une perte de chance.

Idem après le diagnostic pour le traitement. Lorsqu’une femme a besoin d’une radiothérapie, celle-ci fait partie des rares traitements qui sont pris en charge au Mali. Problème : « il n’y a qu’un seul appareil qui a souvent des problèmes de panne, il est d’ailleurs actuellement en panne ».

Un véritable défi pour les équipes de MSF ainsi que les soignants sur place. Avec en toile de fond, l’urgence de renverser la vapeur. « On dit qu’en France le taux de guérison est de l’ordre de 80-85%, au Mali c’est l’inverse, ce sont les chiffres du taux de mortalité. »

Octobre, un mois également dédié au cancer du col de l’utérus

Le cancer du sein n’est pas le seul à être ciblé pour améliorer le dépistage, celui du col de l’utérus également. « On a profité de l’élan pour associer les deux. » En effet, ce sont les deux types de cancers les plus fréquents, tous sexes confondus.

Selon les projections du Global Cancer Observatory (Globocan), il y a eu au Mali 14 185 cas de cancers en 2020, dont 2448 cas de cancer du sein et 1934 cas de cancers du col.

 

 

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