Trump met la pression : l’Obamacare au bord du gouffre

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Pendant ce temps-là, en Amérique…

Trump met la pression : l’Obamacare au bord du gouffre

Alors que la présidentielle française battait son plein, Donald Trump s’est offert sa première grande victoire politique en portant la première estocade réussie à l’Obamacare. Vingt millions d’Américains pourraient perdre leur couverture santé.

Il fallait le voir plastronner sur le parvis de la Maison blanche, devant un parterre de journalistes. « [L’Obamacare] est pratiquement mort », s’est réjoui Donald Trump, félicitant rapidement son équipe avant de passer à son sujet favori. « Comment je me débrouille ? Je me débrouille bien ? Hey, je suis président ! », a plaisanté le commandant en chef des États-Unis, visiblement d’humeur badine…

Il faut dire que Trump venait de remporter une victoire politique majeure. Le 4 mai dernier, la Chambre des représentants, à majorité républicaine, a voté de justesse son projet de réforme de santé. Après un premier échec en mars dernier, le « Trumpcare » est donc engagé. Pour la plus grande inquiétude… des Américains eux-mêmes : seuls 17 % d’entre eux soutiennent la réforme.

Un symbole à abattre

Pour rappel, l’Obamacare a consisté à rendre la couverture santé obligatoire pour tous les Américains, sous peine d’amende. Des contrats privés dits « abordables » ont également été instaurés pour les revenus modestes. On est loin d’un système de protection sociale à l’européenne, mais la réforme a permis à 20 millions d’Américains de bénéficier d’une couverture santé. Pour beaucoup, la plus grande réussite d’Obama.

Mais l’Obamacare est sur la sellette ces dernières années. Les assurés en bonne santé ne s’étant pas précipités, le marché des contrats « abordables » s’est avéré moins rentable que prévu. D’où une hausse des primes d’assurance et un retrait progressif des assureurs dans certains États. Rien qu’une politique volontariste n’aurait pu régler, mais un prétexte en or pour une administration Trump résolue à solder le bilan d’Obama.

Pas de bras, pas de contrat

Et le projet de réforme voté la semaine dernière n’y va pas avec le dos de la cuillère. L’obligation de souscrire une assurance santé disparaîtrait purement et simplement. Avec à la clé, d’après les projections du Congrès, quelques 21 millions d’Américains qui perdraient leur couverture santé d’ici 2020. Au passage, les ménages les plus aisés et l’industrie se verraient favorisés, soit un transfert d’environ 27 milliards de dollars par an.

Mais la goutte d’eau qui fait déborder le vase, pour beaucoup d’Américains, c’est la suppression des garanties sur les contrats santé. Les assureurs pourraient ainsi s’abstenir de couvrir certains soins essentiels – comme les soins psychiatriques, d’urgence ou de maternité – et adapter leurs tarifs en fonction des antécédents médicaux. Bref, un retour au temps où un patient épileptique pouvait très bien devoir payer des milliers de dollars par mois en frais d’assurance.

Dernier arrêt avant le gouffre

Branle-bas de combat dans la société civile, dans la presse démocrate et chez les professionnels de santé. Sur les réseaux sociaux, un hashtag #IAmAPreexistingCondition (« Je suis un antécédent médical »…) a même brièvement fait son apparition. Mais rien n’y a fait, le Trumpcare est passé à la Chambre, à la faveur du basculement de la frange la plus conservatrice des Républicains. Et sous les lazzis des représentants démocrates.

Reste à voir si le Sénat, à majorité républicaine également, acceptera le projet de loi en l’état. Rien n’est moins sûr. Beaucoup d’analystes pointent la plus grande sélectivité de la chambre basse, souvent considérée comme l’endroit où viennent « mourir » les lois mal ficelées. Il en est même pour considérer que les représentants républicains modérés se sont offert une victoire à moindre frais, laissant aux sénateurs le soin de jouer les garde-fous. Ce qu’on appelle, sans doute, jouer avec le feu...

Source:

Yvan Pandelé

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