Rentrée : Jessica et Théopol, 500€ par mois pour vivre

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The Kooples version carabins fauchés à Paname

Rentrée : Jessica et Théopol, 500€ par mois pour vivre

Conditions de vie, rythme des études, envies et frustrations, What’s up Doc vous propose une plongée dans le quotidien d’étudiants en médecine parisiens. Jessica et Théopol rentrent en quatrième année, en D2. S’ils ont un petit budget pour Paris, les amoureux ne s’en plaignent pas. Ils n'ont de toute façon pas le temps de faire des folies.

Ils ne jouent pas au docteur depuis le plus jeune âge, mais presque. « On s’est rencontré au collège, en quatrième, mais on est ensemble seulement depuis la Première », tient à préciser le jeune couple. Théopol, originaire de Toulouse, a suivi son père qui, pour des raisons professionnelles, a embarqué la famille à Nouméa (Nouvelle-Calédonie). À 17 000 km de la métropole, il a rencontré celle avec qui il vit, et étudie aujourd'hui ! Après une Première Année Commune aux Etudes de Santé (PACES) à l’Université de Nouvelle-Calédonie (1), le couple a pris un aller simple pour Paris.

Heureux hasard

Pour Jessica, la médecine s’est imposée comme une évidence. « Ce n’est pas l’un qui a donné l’idée à l’autre, ça s’est fait chacun de notre côté ». Heureux hasard. Les deux tourtereaux habitent dans un 48m2 profitant d’une vue dégagée sur le Parc des Buttes-Chaumont (19e). Ils ont conscience de leur chance. L’appartement appartient au père de Jessica, médecin radiologue dans un centre médico-social géré par la CAFAT - la sécu de Nouméa. Peut-on dire que la jeune femme a grandi dans une famille aisée ? « Ouais », répond-t-elle, mais Jessica ne se sent pas pour autant privilégiée. En revanche, son copain a le sentiment d'appartenir à un milieu social moins élevé, « classe moyenne, mes parents se sont toujours très bien débrouillés mais ils ne roulent pas du tout sur l’or. »

Le couple partage toutefois un point commun : les parents sont leur unique source de revenus. Et le budget est serré. Théopole donne 500 euros pour l’appartement. Outre cette dépense, les deux carabins ont 500€ chacun pour le mois. Pas d’APL, car pas de bail, puisqu’il s’agit d’un arrangement familial. En 30 jours, voici où file leur argent. 120 euros par mois pour déjeuner à l’extérieur, entre les stages d’observation à l’hôpital le matin - une spécialité maison de l’UPMC en D1 - et les cours à la fac l’après-midi. « On est content quand on est à l’Hôpital Tenon (20e), les repas sont à 2,40€ ! », se réjouit Théopol.

Plus grand chose pour respirer

A cela s'ajoutent 200 euros de courses, un pass Navigo étudiant à 37 euros et 20 euros de livres. Bref, il ne reste plus grand chose pour respirer. Environ 70 euros : 1 à 2 apéros à l’extérieur par semaine, quelques soirées chez des amis, et un ciné par mois. Théopol s'octroie aussi 27 euros pour un abonnement en salle de sport. Et Jessica, qui sort plus que son copain, rentre parfois en VTC. Pour résumer, un besoin de sécurité qui coûte à la fin du mois : « On n’est pas très bien desservi. Je ne vais pas prendre la ligne 7bis seule à 23h30, je n'ai pas envie de marcher dans la rue toute seule », se justifie Jessica. Côté hobby, son père lui paye des cours de danse, ainsi qu'Internet et le forfait téléphonique. Théopol aussi a le droit à ce dernier privilège de ses parents...

Le couple a ses petites habitudes au bar La Ménagerie, the place to be pour les carabins de la Pitié. Quand il faut se serrer la ceinture un peu plus, un pack de bières sur les quais de la Seine fait l’affaire. « En P2, je pense que j’étais à La Ménagerie en moyenne deux fois par semaine, cette année c’est plus une fois par mois », confie Jessica. Avec les stages à l’hôpital, il y a moins de temps pour travailler, mais plus de contenu. « En tout cas, 500 euros de budget ça ne marche pas, moi je dépasse toujours », regrette Théopol. « Il faudrait aller moins au bar, moins au ciné, mais après mentalement c’est dur », tranche la jeune femme : « Je préfère être en rouge à la fin du mois que moins voir mes amis ». Sauf qu'aussitôt, son copain s’empresse de lui rappeler que « toi, tu as tes parents derrière ». On l'a compris, l’argent peut vite devenir un sujet de tensions pour un jeune couple vivant à Paris.

« On n’a pas assez de temps pour vouloir sortir »

Et pourtant, ces deux sont in love. « Faire les mêmes études nous a aidés. On peut réviser ensemble », expliquent-ils. Seul changement en vue, l’appartement. Le couple veut se rapprocher des campus de l’AP-HP, et « se coller » aux bibliothèques universitaires. Budget : 1 200€. « Heureusement, on aura les APL en plus. Déjà on a la chance d’être en couple. Il nous faut juste une chambre et un salon », se rassure Jessica, qui s’imagine un avenir en pédiatrie. Son copain serait plus branché neurologie « mais on a encore le temps de voir », tempèrent-ils.

« Au final, on n’a pas assez de temps pour vouloir sortir. Aujourd’hui, je dis non pour aller boire un verre parce que je suis fatigué, ça ne m’étais jamais arrivé », constate la Néo-calédonienne. Leur petit budget, ils ne s’en plaignent pas. Sacerdoce oblige « il n’y a pas le temps de dépenser plus que notre train de vie actuel », concluent-ils. Selon l’indicateur du coût de la rentrée concocté par l’ANEMF, la DFASM1 - ex-D2 -, coûte plus de 4 000 euros par étudiant. Heureusement que papa et maman sont là...

(1) 80 places réservés uniquement aux lauréats d’un bac scientifique - dans le cadre d’un partenariat avec l’Université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC). 

Source:

Thomas Moysan

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