Quand la psychiatrie décompense...

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Un rapport parlementaire dénonce la dérive actuelle de la psychiatrie

Quand la psychiatrie décompense...

La psychiatrie va mal. On va même droit à la catastrophe sanitaire et professionnelle. Si l'on en croit Denys Robiliard, député socialiste du Loir et Cher, la psychiatrie est en pleine dérive. À l'issue de sa mission parlementaire sur la santé mentale et l'avenir de la psychiatrie, le député affiche une mine dépitée. 

Des contentions physiques en progression constante, des prescriptions de chambres d'iso devenues routinières, et une hausse des hospitalisations sans consentement - plus de 50% en 5 ans selon Libération. Autant d'éléments qui amènent à se poser la question : les droits de l'homme sont-ils bafoués dans les hôpitaux psy ? Pas de réponse univoque à cette question, mais une tentative d'explication : la mauvaise répartition des psy sur le territoire français. Si d'autres raisons sont avancées, comme la féminisation des équipes et le manque de formation des infirmiers et des jeunes médecins, nous retiendrons surtout celle-ci.

Alors que la densité des psychiatres en France est une des plus hautes d'Europe, le milieu rural reste à sec. Selon Libération, 80% des psys exercent dans des villes de plus de 50000 habitants. Avec près de 60% des psychiatres qui frôlent la retraite, le vide n'est pas près d'être renfloué. Résultat, les soins souffrent de fortes inégalités territoriales. Bien que la désertification des psychiatres ne soit pas le seul facteur en cause, force est de constater que les équipes de soins vont mal. Et face à la tension des malades, le recours aux mesures contraignantes apparaît comme le seul moyen de soulager...les équipes. C'est osé de pointer du doigt une telle faille. Mais il fallait le faire. Et cette fois-ci, les dirigeants ne peuvent pas faire la sourde oreille.

Parmi les propositions du rapporteur, il y a celle-ci : déléguer les compétences des psychiatres aux psychologues et aux infirmiers (comme en Allemagne, en Grande Bretagne et aux États-Unis) et ainsi ré-articuler les exercices professionnels de chacun. Ce qui signifie pour le psychiatre ? Qu'il deviendrait en quelque sorte un coordonnateur, plus qu'un soignant à proprement parler. Un changement qui ne se fera pas sans le consentement...des psychiatres.

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What's up doc - publié par AP 26/12/2013

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