Prévention, piège à cons

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Les principaux candidats à la présidentielle semblent d’accord sur un point : la prévention doit être au coeur de toute politique de santé. Un refrain déjà maintes fois entendu.

Prévention, piège à cons

Le meilleur soin, c’est celui qu’on n’a pas à faire parce que le patient est en bonne santé. Les candidats à l’élection présidentielle l’ont bien compris, et veulent presque tous voir le système de santé marcher sur deux jambes : le curatif d’un côté, le préventif de l’autre. Mais attention : quand le consensus est mou, il y a un loup ! Champion incontestable sur le sujet, Benoît Hamon a mis la prévention au cœur de son programme (voir encadré ci-contre), et ne rate pas une occasion d’aborder la question. Son cheval de bataille? L’interdiction « des perturbateurs endocriniens et des pesticides dangereux ».

(Presque) tous dans le sillage de Hamon

Les autres candidats ne sont pas en reste. François Fillon propose de « rembourser une consultation de prévention tous les deux ans pour tous les Français ». Emmanuel Macron place la prévention en tête des « trois défis à relever en matière de santé », devant « l’accès aux soins » et « la soutenabilité financière ». Quant à Jean-Luc Mélenchon, il suffit de regarder le sommaire de son livret thématique sur la santé : le tout premier chapitre s’intitule « Priorité à la prévention »… Même Nicolas Dupont-Aignan y consacre une grande partie de son programme.

Dans cette belle harmonie, c’est Marine Le Pen qui fait figure de fausse note : le mot « prévention » ne figure même pas dans le document qui présente ses 144 engagements présidentiels. Mais, une fois n’est pas coutume, la patronne du Front est peut-être ici celle qui montre le plus de sagesse.

Mieux vaut prévenir que prévenir

En effet, en matière de prévention plus qu’ailleurs, les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Les réalités de l’exercice du pouvoir poussent toujours les gouvernants à donner la priorité au temps court du curatif sur les longueurs du préventif. Il en a été ainsi avec le candidat Hollande qui, dans un grand discours sur la santé prononcé en février 2012, soulignait « l’importance de la prévention, qui doit commencer dès l’enfance ».

Mais de loi Santé en projets de financement de la Sécu, la prévention a fini noyée au milieu de problématiques jugées plus urgentes : tiers payant, dépassements d’honoraires, groupements hospitaliers de territoire… Difficile de croire qu’il en ira différemment avec le prochain président.

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Les propositions-phares de Benoît Hamon sur la prévention

Le candidat socialiste a mis le paquet sur la prévention. Son programme ne se contente pas d’interdire les perturbateurs endocriniens et autres pesticides dangereux, il propose aussi de :

1. Lancer une grande conférence écologie-prévention-santé

2. Sortir du diesel à horizon 2025

3. Diminuer la consommation d’alcool et de tabac

4. Rembourser le sport sur prescription « pour les patients atteints d’une ALD »

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