Maternité et conditions de travail des femmes médecins

Article Article

Interview de Annie Podeur, directrice générale de l’offre de soins

Maternité et conditions de travail des femmes médecins

What’s Up Doc ? Le nombre de praticiens en congés maternité se majore et réduira périodiquement les effectifs médicaux. Peut-on envisager des recrutements de remplaçants ?

« Dans les hôpitaux publics, le taux de féminisation des praticiens hospitaliers en 2010 est de 43,4 % pour les temps complets et de 41,8 % pour les temps partiels. La majorité des femmes se trouve parmi les générations plus jeunes : sur environ 17 360 femmes PH, 7 200 ont moins de 44 ans.

D’après notre dernier bilan social, les congés de maternité, de paternité ou d’adoption représentent 22,1 % des absences, toutes catégories confondues. Pour les médecins, il recouvre quatre jours par agent.

Pour répondre précisément à votre question, je souligne que le code de la santé publique permet le recrutement de médecins contractuels pour remplacer les praticiens en congés maternité, cela afin d’assurer la permanence des soins. »

Fréquemment, de jeunes mamans internes ou chefs font part du refus des crèches des hôpitaux d’accueillir leurs bébés. Peuvent-elles avoir accès à ces structures ?

« Les professionnels, médicaux ou non, des établissements publics sont prioritaires pour les places en crèches hospitalières.

Je ne méconnais pas que des difficultés d’accès aient pu être rencontrées : celles-ci ne pouvaient être que ponctuelles. En effet, outre les critères d’entrée classiques — comme la situation sociale, notamment —, le fait d’être professionnel hospitalier reste essentiel pour l’affectation d’une place en crèche.

Je tiens par ailleurs à rappeler que ces critères d’entrée sont de la compétence des hôpitaux. »

Pensez-vous que les souhaits de réduire le temps de travail et de ne plus travailler de manière isolée soient liés à la féminisation ou s’agit-il d’une évolution générationnelle ?

« Cette question a été soulevée à plusieurs reprises.

En 2008, au moment des états généraux de l’organisation de la santé (EGOS), les jeunes médecins ont fait part de leur aspiration à des temps de vie plus équilibrés entre la sphère professionnelle, familiale et sociale.

Plus récemment, lors des échanges relatifs au numerus clausus des études de médecine fin 2010, il a été souligné que ce souci de conciliation des temps de vie était déterminant pour décider du lieu et des conditions d’installation.

On constate que le souhait de réduire son temps de travail et de travailler de manière moins isolée touche autant les hommes que les femmes : les médecins aspirent en effet à une carrière plus diversifiée, prenant en compte des rythmes de vie compatibles avec l’éducation des enfants, par exemple. Il s’agit donc d’une évolution sociétale, qui n’est pas propre aux médecins, mais au contraire largement partagée par toute une génération. »

Les gros dossiers

+ De gros dossiers