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Le directeur de l’AP-HP a publié une tribune dans Libération en réponse à celle des professeurs d’hôpitaux parisiens qui l’interpellaient sur la dégradation de leurs conditions de travail. C’est cordial, à la limite de la papelardise, on se pique gentiment mais on reste entre ladies et gentlemen.
Le 13 mars dernier, un collectif de 13 professeurs de médecine de l’AP-HP publiait une lettre ouverte dans Libération, intitulée « Hôpital : non à la dictature du chiffre », adressée à leur directeur général. Ils y accusaient notamment la T2A et le management général des hôpitaux franciliens d’être responsables de la dégradation de la qualité des soins prodigués et des conditions de travail des personnels hospitaliers.
Les 13 professeurs demandaient à Martin Hirsch, connu « pour son engagement en faveur des pauvres et des exclus », de « ne pas oublier la cause défendue par l’homme politique engagé ». Dimanche, celui-ci a répondu dans une autre tribune, toujours dans Libération. « Chers professeurs, nous partageons les mêmes valeurs », assure-t-il, en les incitant à ne pas avoir peur du changement.
Une dispute à l’ancienne
« Comme vous, je considère que notre première règle, qui prime sur toutes les autres, ce sont précisément ces valeurs d’un service public hospitalier, soucieux de l’égal accès à des soins de qualité », rappelle Martin Hirsch en préambule. Mais rapidement, il pique ses professeurs, avec toute la bienveillance et le respect qui rythment leurs échanges.
« Si vous le permettez, je commencerai par élargir le propos, car à tout focaliser, comme vous le faites, sur le mode de tarification, on en perd de vue quelques points essentiels qui supposent, aussi, que nous nous réinterrogions sur nos propres fonctionnements et habitudes », explique-t-il. Traduction What’s up Doc : regardez la poutre que vous avez dans l’oeil avant de voir la paille dans celle de votre directeur.
Sans préciser qui en est responsable, le directeur général de l’AP-HP cite par exemple le manque d’attractivité des carrières hospitalières, le fait que les « blocs opératoires ne fonctionnent pas tous sur une plage horaire étendue », ou que « les délais de prise en charge des patients avec une suspicion de cancer restent si variables alors qu’à l’AP-HP plusieurs centres ont réussi à s’engager sur un délai de huit jours ». Traduction WUD : l’organisation de vos services est peut-être à revoir.
Un peu de modernité, messieurs dames
Vient ensuite le côté comm’, lorsqu’il signale qu’après le label hospitalité déployé en 2016, qui vise à évaluer la satisfaction des usagers de l’AP-HP, un label de qualité de vie au travail est déployé. Côté mesures politiques, il signale son intention de « développer les fonctions d’infirmières cliniciennes ».
Il invite les professeurs à rejoindre les « projets de transformation qui se sont trop longtemps heurtés à la multiplicité des intérêts particuliers, si bien défendus au sein de notre maison », rappelant au passage que la maison AP-HP « a à la fois la hantise de l’immobilisme et la peur bleue du changement, ou l’envie du changement, mais seulement pour les autres, d’une autre discipline ou d’un autre site ». Traduction WUD : la défense de vos intérêts personnels ou carriéristes fait obstacle à la bonne application des réformes.
Martin Hirsch termine tout de même sa tribune en ouvrant la porte à une révision de la T2A, et en invitant les auteurs de la lettre ouverte à sortir de leur obsession pour le sort de l’Hôtel-Dieu, objet d’une remarque dans leur lettre ouverte.
« Vous me demandez d’excuser la liberté de votre interpellation. Votre liberté est entière. Je n’ai donc pas à vous excuser. J’ai juste à vous encourager à élargir le champ et la cible de votre pouvoir de conviction ». Traduction WUD : rejoignez ma cause !
Peut-être hasardeuses et/ou exagérées, nos traductions n’engagent que nous !
Crédit photo : capture d'écran Scrubs (Touchstone/NBC)
Source:
Jonathan Herchkovitch