Loren Audia : « En tant que jeune médecin, on a beaucoup de mal à se sentir légitime »

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Médecin généraliste remplaçante à Ottmarsheim (Haut-Rhin) depuis 2 ans, Loren nous parle des cinq sens, de l'exercice en milieu rural et de légitimité. 

Loren Audia : « En tant que jeune médecin, on a beaucoup de mal à se sentir légitime »

 

Dans la voiture de Loren, il y a les notes du pianiste Sofiane Pamart en fond sonore et des manela qui sortent de la boulangerie sur le siège arrière. « C’est une sorte de brioche, une spécialité alsacienne », explique la jeune médecin généraliste remplaçante à Ottmarsheim, à côté de Mulhouse (Haut-Rhin). Elle est « chauvine », de son propre aveux, et profondément attachée à son exercice rural dans sa région natale. « Ça me plairait plus de continuer à travailler dans ce type d’endroit plutôt qu’au centre-ville. Il y a un cadre, une ambiance dans le rural ou semi-rural qui me touche. Je ne sais pas trop comment l’expliquer », confie-t-elle.

 

Une généraliste en rempla comblée 

Loren est médecin généraliste remplaçante depuis deux ans dans la maison de santé de cette commune de moins de 2 000 habitants, parce qu’elle n’a pas encore soutenu sa thèse, certes, mais surtout parce que ce mode d’exercice lui « va très bien ». « On a accès à l’infrastructure du médecin qu’on remplace, c’est un endroit qui est propice à une activité de soin de qualité avec une équipe de collègues, quelque chose que je n’aurais pas si je m’installais toute seule », affirme Loren. « On a juste besoin de venir ici avec son stéthoscope, de s’installer au bureau et on peut tout de suite travailler et être sur le terrain sans avoir de contraintes administratives ».

« La médecine, c’est les montagnes russes des émotions » 

Sa pratique consiste à prendre en charge des patients aux problèmes divers et variés. Une quinquagénaire inquiète avant une opération pour un calcul biliaire précède un retraité au taux de cholestérol trop élevé. Un jeune travailleur courbaturé qui s’endort sur la route en rentrant « traine une toux depuis quinze jours », quand une jeune retraité pense faire une allergie à un médicament qu’on lui a prescrit. Ce sont tous ces problèmes de santé du quotidien qui ont donné envie à Loren de choisir la médecine générale, « une spécialité tellement complexe parce qu’elle aborde toutes les générations et qu’on peut voir toutes les pathologies, des trucs chroniques aux trucs simples ». 

De la crise Covid au CHU à un cabinet de med gé dans une MSP 

De la salle d’attente au dernier coup de tampon sur l’ordonnance, « les consultations mettent beaucoup de nos sens à contribution. On utilise nos doigts, nos oreilles, nos yeux au quotidien sans toujours s’en rendre compte», avance Loren qui est très attentive au consentement de ses patients. « Toucher c’est à la fois important, ça permet au patient de se rendre compte qu’on va essayer de chercher d’où vient son symptôme, mais c’est aussi de l’ordre de l’intime. Ce n’est pas anodin ! », insiste-t-elle. 

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On a du mal à la croire en l’observant enchainer avec enthousiasme les consultations mais Loren a déjà eu envie de « tout arrêter », notamment pendant la crise Covid, qu’elle a vécue au CHU de Mulhouse lourdement touché, alors qu’elle était interne . « La médecine, c’est les montagnes russes des émotions » mais aujourd’hui, à la fin de sa journée, la généraliste est « heureuse » de ce qu’elle a pu « apporter aux gens », en restant « en accord » avec ses « valeurs ». Et même si tout cela lui prend « beaucoup d’énergie », elle affirme aujourd’hui avoir trouvé son équilibre. 

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