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Martin Hirsch va encore se faire des amis. Pour tenter de faire face au déficit inquiétant dans les caisses de l’AP-HP, il a annoncé que les dépenses de personnels seraient réduites pour les 5 années à venir. Les syndicats sont ravis.
174 millions d’euros. Voilà le déficit qu’a dû annoncer Martin Hirsch devant les représentants FO, CGT, CFDT et Sud Santé le 22 novembre, rapporte l'AMPnews. Le personnel des établissements franciliens aimerait sûrement que leur fiche de salaire fonctionne à la hausse comme le trou dans les caisses de l’AP-HP. Prévu sur le papier à 39 millions d’euros pour 2017, il avait été rectifié à 104 millions il y a un mois à peine, avant de bondir une nouvelle fois de 70 millions en quelques semaines.
Le projet de budget 2018 ainsi que la feuille de route financière jusqu’en 2022 « traduisent un chemin délicat vers le retour à l’équilibre », a souligné Martin Hirsch. Pour le limiter dans les années à venir, le directeur général a donc dû annoncer ce jeudi un plan visant à limiter la progression des dépenses de personnels sur les cinq années à venir.
On ne pouvait pas savoir…
Le mot magique fait donc son retour : austérité ! Le 23 octobre dernier, le conseil de surveillance l’avait annoncée pour alerter les pouvoirs publics. Ces derniers ont réagi… en gelant « 50 millions d’euros sur l’enveloppe des missions d’intérêt général et d'aide à la contractualisation (Migac) et d'enseignement, de recherche de référence et d'innovation (Merri) », aurait précisé le directeur général de l’AP-HP lors de la réunion avec les syndicats.
L’explosion du déficit pour 2017 serait également causée par une diminution de plus de 40 millions d’euros du résultat prévisionnel 2017, à la suite du retraitement d’opérations comptables pour la première année de certification des comptes (en 2016). Des travaux et la fermeture de services pour le traitement de bactéries multi-résistantes ont également entraîné une diminution de lits disponibles, et donc un manque à gagner imprévu pour les hôpitaux.
Patates à tous les repas
Par rapport aux prévisions, les recettes étaient donc en retrait de 50 millions d’euros. Mais en 2018, « la progression de l’activité devrait être plus proche de celle des années précédentes », a estimé Martin Hirsch, optimiste. Et pour 2018, la direction table, comme en 2017, sur une augmentation de l’activité de 2,5 %. « Martin Hirsch fait le même pari qu’en 2017 », déplore Olivier Youinou, représentant syndical SUD Santé, interrogé par l'APMnews. Moins de moyens, et plus d’activité… Pas sûr que la note passe pour le personnel.
Car de l’autre côté de la balance, la masse salariale ne croîtra pas comme prévu. La hausse devrait se limiter à 0,65 % par an, sur 5 ans, au lieu de 1 %. Des marges sont également à trouver du côté « des dépenses d’achat, comme celles des médicaments, de dispositifs médicaux ou de consommables, ou de celles d’hôtellerie », a précisé M. Hirsch.
Ne vous inquiétez pas, les patrons sont là
Entre temps, Agnès Buzyn a enfilé son costume de chevalier blanc en annonçant ce mercredi à l’Assemblée nationale un dégel de 150 millions d’euros en provenance de fonds de réserve pour les financements hospitaliers. Tout n’ira pas à l’AP-HP, mais toute aide permettra de mettre un peu de beurre dans les épinards.
Et Martin Hirsch de terminer en séance d’autosatisfaction et en flattant l’ego du personnel : « L'AP-HP n'a pas fini de s'étonner de sa capacité à faire face aux difficultés et à faire valoir ses remarquables atouts ». Pas sûr que cela suffise.
Crédits photo : feck_aRt_post/Flickr
Source:
Jonathan Herchkovitch