La Russie trolle le débat sur la vaccination

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... Et l’élection américaine

La Russie trolle le débat sur la vaccination

En pleine campagne électorale américaine pour la présidence, des trolls et bots Russes ont envenimé Twitter en surfant sur le débat vaccinal, afin de l'amplifier.

La Russie a-t-elle influencé l’élection présidentielle américaine ? Les enquêtes menées semblent le montrer. Et il semblerait qu’elle ait ratissé large ! Un article publié le 23 août dernier dans l’American journal of public health suggère qu’elle aurait pris part au débat sur la vaccination sur Twitter, histoire de pimenter un peu les choses.

Des chercheurs des universités du Maryland, George Washington, et John Hopkins ont examiné un échantillon aléatoire de 1,7 millions de tweets entre juillet 2014 et septembre 2017, à la recherche d’anomalies. Ils en ont trouvé sur la vaccination : les trolls russes identifiés postaient 22 fois plus sur les vaccins qu’un utilisateur moyen.

La bombe numérique de l’IRA

« Il s’avère que beaucoup de tweets anti-vaccins proviennent de comptes dont l’origine est floue », explique David Broniatowski, professeur assistant à l’école d’ingénierie et de sciences appliquées de l’université George Washington, et auteur principal de l’étude. « Il se pourrait que ce soient des bots, des humains ou des "cyborgs" – des comptes légitimes piratés et repris par des bots ».

Parmi les bots et les trolls, beaucoup provenaient de comptes associés à l’Internet research agency (IRA), une entreprise liée au gouvernement russe récemment accusée par la justice américaine d’ingérence dans les élections américaines de 2016. En résumé : une ferme à trolls pilotée par le Kremlin.

Le tremplin vaccinal

Un peu plus malins que les autres, ces comptes mêlaient de manière assez équivalente des messages pro- et anti-vaccination, le tout sur un ton plutôt agressif, ça fonctionne toujours mieux. Ils jouaient ainsi avec la première règle anti-troll : don’t feed the troll ! Un troll auto-alimenté, que demander de plus ?

Et, histoire d’assurer un effet maximum, ils inséraient subtilement dans des tweets antivax des thèmes polémiques aux États-Unis. Ils jouaient ainsi sur la corde sensible du gouvernement comploteur, sur la question animale – des animaux sont tués sur l’autel de la production de vaccins –, sur la religion – vous pensez que Dieu a sanctifié les vaccins ? – ou encore sur les questions raciales et de classes.

L’objectif ? « Alors que les bots qui répandent des virus informatiques et des contenus non sollicités disséminent des messages anti-vaccinaux, les trolls russes promeuvent la discorde », concluent les chercheurs dans leur article. Une tactique largement utilisée pendant la campagne américaine, quels que soient les thèmes, et qui a pu faire pencher la balance du côté de Donald Trump.

Depuis janvier 2018, date de récolte des données par les chercheurs, Twitter a effacé de nombreux comptes liés à l’Internet research agency. Le groupe en a perdu 3800 en février. En avril, Facebook a suivi avec 135 comptes supprimés de sa plateforme.

Source:

Jonathan Herchkovitch

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