Impact Factor : Calculs et stratégies

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Quelque part, dans les couloirs d'un CHU...
"Pour c’t’article, on peut s'faire une revue À gros Impact Factor ! Une revue de référence, qu’il veut l’patron ! J’vais lui en prendre une IF 40, il va voir de quoi j’suis capable…".
Mais, au fait, d’o`u il sort c’t’Impact factor ?

Impact Factor : Calculs et stratégies

Impact Factor d’une année

=

Nombre de citations des articles d’un journal


Nombre d’articles publiés dans ce même journal les 2 années précédentes

 

Reprenons ensemble la base d’un petit calcul en toute logique

Les modalités de calcul de l’IF, l’équation entre numérateur (nombre de citations) et dénominateur (nombre d’articles).
Une division plus tard, et voici la naissance du Graal de l’évaluation scientifique utilisé et réutilisé par une multitude d’intervenants dans la recherche scientifique :
• les éditeurs, pour évaluer la visibilité voire la qualité des journaux scientifiques ;
• les firmes pharmaceutiques, pour choisir dans quels journaux insérer leurs publicités ;
• les libraires, pour sélectionner leurs abonnements ;
• les auteurs qui cherchent une bonne visibilité de leurs travaux et de plus en plus les universités ;
• les hôpitaux, pour évaluer les centres et les équipes de recherche, voire même les jurys pour évaluer les candidats à un concours, à une promotion ou à un financement.

Pas fous, quand faut parler gros sous, nombre de responsables de journaux scientifiques ont très vite compris que le succès commercial passait par un IF élevé. Ils usent donc de discrètes manipulations sous le masque de l’altruisme scientifique.

Conseils de bonnes pratiques pour éditeurs en quête de notoriété scientifique commerciale :

• Stop aux cas cliniques ! Rarement cités et pour cause, le cas étant par définition rare, il prend de la place au dénominateur sans en prendre au nominateur = baisse de l’IF, donc poubelle !
• Place aux revues de la littérature ! Très fréquemment citées par les auteurs par facilité car compilant un tas d’informations utiles = explosion du numérateur garantie !
• Priorité aux articles chauds, d’actualité, car ils vont être cités de nombreuses fois et très rapidement. Succès assuré, donc, faisant gonfler le numérateur pendant la fenêtre des 2 ans de calcul de l’IF ! Voilà pourquoi The Lancet s’est tant intéressé en son temps à la grippe aviaire…
• Mise en ligne très rapide des articles, avant même qu’ils ne soient publiés en format papier, pour qu’ils soient cités au plus vite !
• Enfin, on ajoute des commentaires aux articles, des éditoriaux, des lettres à la rédaction : ils peuvent être cités par des auteurs mais n’étant pas des articles à proprement parler, ils ne sont pas pris en compte dans le dénominateur !

On l’a compris, alors que l’IF n’est qu’un outil de mesure de la fréquence moyenne avec laquelle l’ensemble des articles du journal est cité pendant une courte durée de 2 ans, il est rapidement devenu THE critère de qualité d’un journal, voire d’un article ou d’un auteur.
Mais restons modestes, 80 % des citations d’un journal sont le fait de seulement 20 % des articles publiés dans ce même journal !

Plusieurs indicateurs complémentaires ont été développés pour affiner l’évaluation d’un article ou d’un candidat. Citons essentiellement le nombre brut de citations d’un article ou encore l’indice d’autocitation.

Et puis bien sûr, le sacre ne se construit pas sur une victoire : autrement dit, les équipes renommées ont à leur actif nombre de très bons articles, souvent très bien publiés, dans des journaux à haut IF !

Par Christophe Mariette, PU-PH de chirurgie viscérale. Reviewer de nombreuses revues chirurgicales ou d'oncologie (ex : The Lancet Oncology, The Annals of Surgery, British Journal of Surgery,...)

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