Hyperconnexion : quel impact pour vous et vos patients ?

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Certains de vos patients sont fatigués ? Ils souffrent de troubles du sommeil ? Et s'ils étaient accrocs aux écrans ? Pour y voir plus clair, la Fondation April vient de publier son baromètre annuel pour mesurer l’impact de l’hyperconnexion sur leur santé.

Hyperconnexion : quel impact pour vous et vos patients ?

Votre patient souffre de stress et d'insomnie ? Et s'il s'agissait des conséquences de l’hyperconnexion ? Décidée à en savoir plus sur le sujet, la Fondation April, qui concentre son action autour de la prévention santé, vient de publier pour la deuxième année consécutive son baromètre annuel (1) pour mesurer l’évolution des comportements et le sentiment de dépendance à Internet qui…s’intensifierait dans notre beau pays. 
 
Réalisé en partenariat avec l’institut de sondage BVA, ce baromètre s’intéresse plus particulièrement aux impacts de la surexposition aux écrans sur la santé. On apprend notamment que les Français passent en moyenne 4h30 par jour devant leurs écrans, soit 8 minutes de plus que l’année dernière. Des chiffres qui concordent avec une étude récente de l'association AXA Prévention qui concluait que les Français passaient 4h22 en moyenne par jour devant les écrans.

23 % se disent totalement dépendants

Le sentiment de dépendance aux outils connectés est également en hausse : 73 % des Français se disent dépendants de leurs outils connectés (contre 67 % en 2018). Un sur dix déclare même ne pas pouvoir passer une heure sans être connecté (contre 1 sur 20 en 2018). Enfin, 33 % d’entre eux trouvent qu’Internet occupe une place trop importante dans leur vie, tandis que 23 % se disent totalement dépendants. Médecins inclus ?
 
Tout est-il que ce n’est pas parce que les Français ont conscience du problème qu’ils agissent concrètement pour le régler. À titre d’exemple, 90 % des parents se disent convaincus des conséquences néfastes des écrans sur la santé de leurs enfants. Trois sur quatre seraient même d’accord pour adopter des comportements exemplaires en limitant leur temps de connexion en présence de leurs enfants… Sauf que, dans les faits, seuls 45 % des parents instaurent des règles de limitation tandis que 44 % montrent d’exemple !

17 % connaissent les risques liés l’hyperconnexion

Le paradoxe est également de mise si l’on s’attarde sur les risques sanitaires de l’hyper exposition aux écrans. Car, s’ils sont 72 % à se déclarer bien informés des risques liés à l’hyperconnexion, ils ne sont dans les faits que 17 % à estimer très bien les connaître.
 
Si l’on rentre dans les détails, les Français attribuent à l’exposition aux écrans un impact négatif principalement sur les fonctions physiologiques : en premier lieu sur leur vision (71 %), puis sur leur activité physique (58 %) et sur leur sommeil (58 %).
 
Or, dans le même temps, 50 % d’entre eux estiment que l’exposition aux écrans n’a pas d’impact sur leur santé « en général », tandis que 12 % affirment que l’hyper exposition n’a même aucun impact négatif toutes dimensions confondues. Malgré de nombreuses actions de sensibilisation, « le lien entre l’hyperconnexion d’une part et l’alimentation, le moral ou le stress d’autre part reste toujours peu connu », conclut le baromètre.

47 % laissent leur portable allumé la nuit

Par ailleurs, près de la moitié des Français (47 %) laissent leur téléphone portable allumé la nuit à proximité de leur lit. Un chiffre qui passe à 74 % chez les jeunes de 18 à 34 ans. Pire : 13% des Français utilisent leurs outils connectés lorsqu’ils se réveillent la nuit et 8 % sont réveillés au cours de la nuit par des sonneries de messages ou notifications. 
 
Ce genre de comportement serait à l’origine de troubles du sommeil analyse dans le baromètre Stéphanie Mazza, professeur des universités en neuropsychologie et neurosciences. La chercheuse considère que deux éléments principaux réduisent significativement le temps de sommeil :
 
« Les difficultés à s’endormir en raison d’une difficulté à se décrocher de son activité numérique (les séries sans fin, les jeux, les réseaux sociaux…) ». Mais aussi « une envie quasi-irrépressible de reconnexion lors des réveils nocturnes, qui allonge le temps nécessaire pour se rendormir » selon la chercheuse qui ajoute que cette envie irrépressible de consulter les écrans est parfois provoquée par le syndrome FoMO (fear of missing out), une sorte d'anxiété sociale caractérisée par la peur constante de manquer une nouvelle importante.

Un impact sur le métabolisme

Et de citer certaines études qui rapportent « un impact de l’hyperconnexion sur notre métabolisme, très certainement induit par les conséquences du manque d’attention que nous portons à notre assiette par une réduction du temps accordé au repas et à l’activité physique ».
 
La spécialiste met également le doigt sur un comportement nouveau lié à l’hyperconnexion : « nous sommes de plus en plus interrompus dans ce que nous faisons, ou plutôt nous nous interrompons de plus en plus… » Or, pour Stéphanie Mazza, il serait difficile de résister à cette tentation car « elle provient du fonctionnement même de notre cerveau ».
 
Et d’ajouter : « Nous sommes curieux, et cette curiosité stimule notre cerveau qui en réponse, en demande encore plus. Ce flot de sollicitations constitue autant d’indices de gratification pour notre cerveau et la survie même de notre espèce repose sur ce fonctionnement primaire : on retourne vers ce qui nous apporte de la satisfaction. »

Surcharge cognitive

 Mais quelles sont les conséquences de ces interruptions intempestives ? « Nous demandons à notre attention de faire sans cesse des va-et-vient et cela occasionne une surcharge cognitive », selon Stéphanie Mazza qui rappelle les bonnes pratiques en la matière :
 
« Il est important de considérer Internet et les écrans comme des outils puissants pour notre développement personnel et professionnel, mais il faut leur redonner la place d’un outil. Le charpentier n’est pas dépendant de sa scie, l’instituteur de son tableau, le médecin de son stéthoscope… Le problème à mon sens, ce n’est pas l’outil, c’est l’utilisation que nous en faisons. »
 
(1) Enquête réalisée auprès d’un échantillon de Français interrogés par Internet. Échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée grâce à la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge, CSP du chef de famille et de la personne interrogée, région et catégorie d’agglomération.
 

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