Frédéric Valletoux (FHF) : « Un Ehpad public a 1 000 euros de reste à charge de plus qu’un Ehpad privé par mois, par résident. Que font-ils de cet argent ? »

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La dépendance "n'est pas un business comme les autres", a déclaré au JDD le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) Frédéric Valletoux, qui souhaite un encadrement "sérieux" des activités des groupes privés dans le secteur des Ehpad.

Frédéric Valletoux (FHF) : « Un Ehpad public a 1 000 euros de reste à charge de plus qu’un Ehpad privé par mois, par résident. Que font-ils de cet argent ? »

"Je ne suis pas pour tuer le privé mais nous devons sérieusement encadrer ses activités. Et nous interroger sur le statut juridique de sociétés financées par de l'argent public et qui exercent des missions d'intérêt général", développe le président de la FHP dans un entretien au Journal du dimanche.

"Aller chercher de l'argent en Bourse n'est pas une infraction. Mais la dépendance n'est pas un business comme les autres", ajoute-t-il, quelques jours après la parution d'un livre explosif qui dénonce les pratiques du groupe privé Orpea au sein de maisons de retraite qu'il gère.

La parution cette semaine de ce livre-enquête, Les Fossoyeurs, du journaliste indépendant Victor Castanet, a causé une onde de choc en France, suscitant de multiples réactions indignées, et la chute en Bourse du titre Orpea.

Frédéric Valletoux prône l'imposition de "règles communes aux deux secteurs", public et privé lucratif. Les entreprises privées bénéficient d'exonérations de charges sociales, "mais pas nous", dit-il. "Qu'en fait le privé ? Je ne sais pas. Aujourd'hui, un Ehpad public a 1.000 euros de plus de reste à charge par résident et par mois qu'un Ehpad privé. A l'inverse, nous sommes plus contrôlés", ajoute-t-il.

Il n'est "pas favorable" à la nationalisation des acteurs privés du secteur, une opération qui couterait "15 milliards d'euros", selon lui. "Mais à partir du moment où ces groupes reçoivent des financements publics, ils doivent être soumis à des règles classiques de transparence et de qualité".

La Fédération hospitalière de France réunit les établissements publics de santé (hôpitaux) et des structures médico-sociales (maisons de retraite), soit la quasi-totalité des établissements du secteur public.

Les dirigeants d'Orpea contestent les faits relatés dans le livre de Victor Castanet, les qualifiant d'accusations "mensongères, outrageantes et préjudiciables". Le directeur général Jean-Christophe Romersi est convoqué mardi matin chez la ministre déléguée chargée de l'Autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, pour "répondre" aux "accusations graves" concernant les pratiques du groupe.

Dans Les Fossoyeurs, l'auteur décrit un système où les soins d'hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont "rationnés" pour améliorer la rentabilité d'Orpea. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort.

Avec AFP

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