A dormir debout

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Ciné week-end: Régression, de A. Amenabar (sortie le 28 octobre 2015)

A dormir debout

Pour un ancien aficionado de la série X-Files, il est assez déprimant de constater que les années 90 font définitivement partie...du passé. Puisque c'est clairement ainsi que se présente le nouveau Amenabar: un film d'époque - aïe ça fait mal - tout comme l'était Les Autres, son meilleur film à ce jour. 

Premier constat: on est contents qu'Amenabar retrouve cette veine qui a fait son succès, d'autant qu'il reste un formidable conteur, et que sa mise en scène est maîtrisée de bout en bout. Presque trop, surtout quand on la met en perspective de l'histoire qu'elle illustre, finalement assez prévisible et dont l'absence totale d'originalité intrigue.

Quel message Amenabar tente-t-il de véhiculer au travers de ce qui ressemble à un long épisode des premières saisons d'X-files? Tout semble tellement artificiel, calculé, trop bien amené...que bien évidemment on comprend d'emblée que le fait divers relaté - et qui, semble-t-il, a été à l'origine d'une vague de rumeurs et d'une mode typiquement U.S. - se veut emblématique de quelque chose qui le dépasse. Et si, en racontant une banale histoire d'hystérie collective à la Outreau, dans laquelle se vautrent avec allégresse tous les personnages du film - chacun incarnant une fonction sociale qui trouve dans cette histoire "acadabrantesque" une vérité qui l'arrange puisqu'elle répond au besoin qui la définit -, Amenabar ne tenait-il pas simplement à retourner aux sources de son art, celui de nous faire croire avec toute sa maestria à une histoire à dormir debout? Nous demandant à nouveau, plus de quinze ans après le film qui l'a rendu célèbre, d' "ouvrir les yeux"?

On peut trouver ça vain. Ou, dans notre cas, touchant.

Source:

Guillaume de la Chapelle

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