Détresse psychologique pendant le confinement : 33 % des Français touchés

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L’Irdes vient de publier les résultats d'une étude qui a pour objectif de déterminer l’ampleur de la survenue de détresse psychologique dans la population française au cours des premières phases du confinement, et d’en identifier les facteurs associés afin de repérer des populations vulnérables nécessitant un soutien. Si le fait d’être exposé au virus constitue un facteur de risque, les conditions et conséquences du confinement semblent jouer le rôle le plus marqué.
 

Détresse psychologique pendant le confinement : 33 % des Français touchés

Quelle a été l’ampleur de la détresse psychologique des Français au cours des premières phases du confinement ? Quels sont les facteurs associés permettant de repérer des populations vulnérables nécessitant un soutien ? C’est pour répondre à ces questions que l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) a réalisé une étude intitulée « Les inégalités face au risque de détresse psychologique pendant le confinement ».

Les premiers résultats de l’enquête COCLICO, réalisée du 3 au 14 avril 2020, montrent que la survenue d’une détresse psychologique est observée chez 33 % des répondants, dont 12 % présentent une détresse d’intensité sévère. Il apparaît en particulier une aggravation des problèmes de tension ou stress, de sommeil ou de concentration et du sentiment d’être malheureux ou déprimé.

Si le fait d’être exposé au virus constitue un indéniable facteur de risque, ce sont avant tout les conditions et conséquences du confinement qui semblent jouer le rôle le plus marqué, observent les auteurs de l’étude qui précisent que certains segments de la population particulièrement à risque ont été identifiés : les femmes, les personnes vivant avec une maladie chronique, celles bénéficiant d’un faible soutien social, celles confinées dans des logements sur-occupés et celles dont la situation financière s’est dégradée.

L'importance du soutien social

Certes, les mesures de confinement ont sans doute permis d’atténuer la forte détresse psychologique de certaines catégories de personnes, en raison de leur exposition ou de leur vulnérabilité physiologique à l’épidémie de Covid-19, note l’étude. Mais le revers de la médaille du confinement est aussi le suivant :

« la réduction des interactions sociales hors du foyer avec un possible renforcement des situations d’isolement et une augmentation du temps passé avec les personnes au sein du foyer ont pu diminuer le soutien social dont bénéficient habituellement les individus. Or, ce dernier joue un rôle protecteur sur la santé mentale que les mesures de confinement pourraient venir limiter », analyse l’Irdes qui ajoute qu’en maintenant les personnes à domicile, le confinement pourrait également aggraver le lien entre conditions de vie défavorables et détresse psychologique, renforçant les inégalités déjà existantes.

Par ailleurs, si la vulnérabilité à l’épidémie ne semble pas être le déterminant principal de la survenue de détresse psychologique au cours du confinement, les résultats de l’étude montrent aussi que celle-ci survient plus fréquemment chez les individus avec un soutien social faible ou modéré que chez ceux avec un soutien social élevé au cours du confinement. De plus, les personnes ayant un score élevé dans l’échelle de solitude ont aussi un risque plus important de détresse.

L'impact de la situation financière

Sur le plan économique, une dégradation de la situation financière du foyer à la suite du confinement est aussi associée à un fort risque de détresse psychologique, ce qui n’est pas le cas des personnes ayant vu évoluer leur situation vis-à-vis de l’emploi (chômage total, technique ou partiel, arrêt de travail ou congés imposés comparativement à une situation stable). Sur ce dernier point, L’Irdes émet l’hypothèse que l’évolution de cette situation sans perte financière a été plutôt bien vécue par les personnes (temps pour soi et sa famille...), notamment parce que les mesures massives de chômage ont favorisé les maintiens de salaires.

Enfin, plus les activités de loisir habituelles (voir des amis ou de la famille ; assister à des spectacles, conférences, concerts ; faire du sport; lire, regarder un film, écouter de la musique…) ont été maintenues pendant le confinement, plus le risque de survenue de détresse psychologique est faible. Quant aux individus qui ont passé un temps quotidien élevé sur les réseaux sociaux au cours du confinement, en particulier quand ils les consultaient plus de trois heures par jour, ils sont plus à risque de survenue de détresse psychologique.
 

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