Chef de clinique en psychiatrie

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Fabrice, 31 ans, est chef de clinique en psychiatrie à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris.

Chef de clinique en psychiatrie

WUD. Quel est ton premier souvenir d’interne ?

Fabrice Rivollier. Mon premier jour de stage, avec des prescriptions de paracétamol que je devais faire sans me souvenir des posologies. Je me rappelle aussi avoir cherché ma chef toute la journée, sans y parvenir !

WUD. Un souvenir de garde particulièrement marquant ?

FR. La première, au SAU. J’allais voir une mamie amenée pour une vague dyspnée. J’arrive, et elle fait son arrêt devant mes yeux, avec sa fille à côté. Je me serais cru dans un film. J’ai appelé au secours une infirmière en commençant à masser, mais ça n’a pas suffi…

WUD. Qu’est-ce qui a été le plus difficile pendant ton internat ?

FR. Mon stage en pédopsychiatrie, en liaison. On devait gérer des situations complexes, en se sentant parfois très impuissant et démuni, sans que mes connaissances théoriques médicales me semblent très utiles…

WUD. Et qu’est-ce que tu as préféré ?

FR. Ce sentiment de cohésion avec les co-internes, surtout en premier semestre. Ça été une vraie découverte, quelque chose que je n’avais jamais expérimenté : passer ses journées et parfois ses soirées ensemble… Ce sont des relations très fortes !

WUD. Et côté patients ?

FR. Je me souviens de ma première patiente érotomane… Elle m’a poursuivi sur tous mes stages, elle appelait dans les secrétariats des services dans lesquels je passais. Elle a même voulu m’envoyer sa fille ! Dans le registre comique il y a aussi cette patiente qui exerçait la profession de voyante et qui entendait la voix de Grégory Lemarchal. Elle interrompait les entretiens : « Là, il me parle ! ».

WUD. C’est pour des patients comme ça que tu as choisi la psy ?

FR. Non : j’avais déjà envie de faire psy en commençant médecine. J’étais séduit par cette idée de mélange entre scientifique et littéraire… Et puis plus du tout pendant l’externat : je changeais d’idée à chaque stage. Je donc suis arrivé à l’amphi de garnison sans avoir décidé, et je me suis entendu dire le mot « psychiatrie » ! Mais je ne l’ai jamais regretté.

WUD. Et alors, pour ou contre la salle de garde ?

FR. Pour ! Même si à Sainte-Anne on n’a pas le folklore carabin avec la roue, etc… Ça reste un moment important pour moi, de pouvoir discuter avec ses chefs et internes. Et je garde de très bons souvenirs de celle de Saint-Antoine.

WUD. Qu’est-ce que tu conseillerais au jeune Fabrice qui fait son premier jour à la fac de médecine ?

FR. Travaille moins, tu finiras psy (rire) !

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