On bloque l’accès au CHU pour les médecins, on les chahute, on les frappe, la Martinique en colère contre l’obligation vaccinale

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Au moins trois médecins du CHU de la Martinique ont porté plainte pour agression après avoir été pris à parti mardi 1er février par des manifestants opposés à l'obligation vaccinale des soignants, dont des dizaines ont, dans la foulée, décidé d'exercer leur droit de retrait, selon des sources locales.

On bloque l’accès au CHU pour les médecins, on les chahute, on les frappe, la Martinique en colère contre l’obligation vaccinale

"On nous empêchait tous de passer, j'ai un assistant qui a essayé de rentrer par des chemins détournés, il s'est fait copieusement chahuter dans sa voiture", a raconté à l'AFP un médecin, sous couvert d'anonymat, précisant avoir décidé d'exercer son droit de retrait comme nombre de ses collègues.

Dès l'aube, des barrages constitués de gravats et de poubelles avaient été positionnés sur l'une des routes d'accès à l'hôpital Pierre Zobda Quitman de Fort-de-France.

Une vingtaine de manifestants, pour la plupart vêtus de noirs et cagoulés, bloquaient l'accès au CHU au personnel soignant, aux patients et aux livraisons. Des représentants de syndicats (USAM et UGTM) étaient notamment présents, a précisé la direction du CHUM.

Selon le médecin, des menaces ont été proférées envers plusieurs médecins et l'un d'entre eux a été agressé physiquement, frappé aux cervicales.

Les forces de l'ordre ont indiqué que quatre plaintes avaient d'ores et déjà été déposées à la suite de ces incidents dont trois émanant de médecins pour agression.

La quatrième plainte a été déposée par un policier. D'après Guillaume Mauger, directeur territorial de la police nationale de la Martinique, ce fonctionnaire d'origine asiatique a essuyé des insultes racistes et xénophobes de la part d'un des "leaders syndicaux".

La préfecture de Martinique a depuis mis en place "jusqu'à nouvel ordre" un dispositif de sécurité policière au CHUM.

La direction du CHU et l'Agence régionale de santé de Martinique ont fermement condamné ces incidents. L'ARS a précisé avoir mis fin "à tout processus de discussion (...) avec les organisations syndicales".

De son côté, l'intersyndicale de la santé a affirmé dans un communiqué que "deux médecins au volant de leur véhicule (avaient) foncé sur les agents mobilisés".

La police de Fort-de-France, chargée d'enquêter, a dès à présent qualifié ces propos de "mensongers".

"Quand vous vous faites entourer par dix à vingt personnes, très excitées, qui tapent sur la carrosserie de votre voiture et qui vous insultent (...). Les médecins ont eu peur mais, à aucun moment, ils n'ont foncé sur les agents ou forcé un barrage", a assuré M. Mauger.

La Martinique est agitée depuis plusieurs mois par une crise née du refus de l'obligation vaccinale pour soignants et pompiers mais le mouvement s'est ensuite étendu à des revendications politiques et sociales, notamment contre la vie chère, et a occasionné des violences, pillages et incendies.

Avec AFP

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