Blanc de pot

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Ciné week-end: The Program, de S. Frears (sortie le 16 septembre 2015)

Blanc de pot

"Je n'ai jamais été contrôlé positif à un test anti-dopage", tel est le leitmotiv, l'argument de défense imparable - et pour ainsi dire le seul - de Lance Armstrong face aux sceptiques et aux accusateurs. Tout dans cette phrase crie la manipulation de ce personnage doté d'un incroyable aplomb, pour qui ne pas se faire prendre équivaut à dire "sa" vérité, qui se conjugue si bien avec celle de son époque, prête à faire feu de tout bois pour bâtir le mythe.

Avec sa mise en scène efficace et nerveuse, Stephen Frears colle au plus près de Lance Armstrong, aidé comme dans "the Queen" d'un acteur qui, grâce à une attitude plus qu'à une ressemblance physique, permet d'entrevoir la réalité du personnage. Ou du moins une proposition de réalité, tant la propension au mensonge d'Armstrong et sa force de persuasion semblent rendre inaccessible toute possibilité d'entrevoir sa psyché - c'est là peut-être la petite limite de ce film que l'on vous recommande chaudement. A moins que derrière cette ascension - en jaune - ne se cache un vide béant, dans lequel notre anti-héros semble tenté de s'engouffrer en permanence, pour le rejoindre - de façon éphémère - dans la toute dernière scène du film.

Magnétique, irritant, sachant rendre compte tout autant du mystère insondable que du ridicule pathétique de son personnage, Ben Foster livre une composition éblouissante, et dope littéralement ce film bien troussé, moderne et enlevé d'un Stephen Frears vieillissant qui prouve ainsi qu'il peut être aussi inventif et jeune d'esprit qu'un Soderbergh. Et on aime ça!

Source:

Guillaume de la Chapelle

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