Santé mentale des carabins : tous les indicateurs sont au rouge

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Anxiété, dépression, idées suicidaires

Santé mentale des carabins : tous les indicateurs sont au rouge

Les résultats de la grande enquête "santé mentale" des jeunes médecins ont été dévoilés ce mardi. Haro sur les conditions de travail à l’hôpital. Près de 25 % des étudiants et internes en médecine ont des idées suicidaires. Et plus de 66 % souffrent d’anxiété ! 

Les jeunes et futurs médecins sont particulièrement touchés par les troubles mentaux. Une étude internationale publiée dans The JAMA fin 2016 a mesuré l’ampleur du phénomène : 11,1 % de risque suicidaire chez les étudiants en médecine et 27,2 % de dépression. Et les carabins français ne sont pas épargnés. Depuis novembre 2016, 5 internes se sont donnés la mort. Pour alerter, les structures jeunes (1) ont réalisé une grande enquête nationale sur les spécificités françaises de la santé mentale dans cette population.

Inédites et rassemblant près de 22 000 réponses, les conclusions dévoilées ce mardi sont terribles. Elles témoignent du malaise profond qui règne aujourd’hui chez une partie des étudiants de 1er, 2e et 3e cycle. En chiffres, plus des deux tiers d'entre eux souffrent d'anxiété et 27,7 % seraient en dépression. Pire, d'après les déclarations, 23,7 % auraient des idées suicidaires, dont près de 6 % dans le mois précédant l'enquête.

Les raisons du mal-être

A titre de comparaison, la dépression touche 10 % des Français. Pour Olivier Le Pennetier, le président de l’ISNI contacté par What’s up Doc, ces données sont une douche froide. Et c’est le sentiment de colère qui prédomine : « C’est une surprise très désagréable. On s’attendait à de mauvais résultats, mais là nous sommes encore au-delà des seuils d'alerte retrouvés à l’international chez les jeunes médecins. Nous sommes aussi plus de deux fois plus touchés par les troubles mentaux que le reste de la population du même âge »

Les raisons de ce mal-être ne sont pas à aller chercher bien loin. Le panel sur les 8 800 inter­nes et apparentés assistants chefs de clinique, qui sont à temps plein à l'hôpital, révèle que l'immense majorité travaille trop et ne se repose pas assez. Un quart seulement (26 %) disent ne pas dépasser le plafond légal de 48 heures par semaine. Et un tiers effectue plus de 60 heures. Par ailleurs, le repos de sécurité n'est respecté qu'une fois sur deux. Plus inquiétant encore, seuls 42,3 % de ces interrogés affirment avoir échappé à des violences psychologiques, et 10,8 % considèrent en vivre « souvent » ou « très souvent ».

Casser tous les tabous

Mais le président de l’ISNI ne se laisse pas abattre. Il se veut même combatif. « Pour nous, cette enquête marque la fin d’un tabou. J’insiste, les internes ont le droit d’aller mal. Dans ce cas, nous devrions, comme tout le monde, faire une pause pour mieux redémarrer ». « De plus, c’est évident qu'un médecin fatigué est moins efficace. A vouloir tout faire, on fait tout mal. Nous ne souhaitons plus négliger le risque d’erreur médicale que cette mauvaise santé mentale entraîne », ajoute-t-il.

L’interne à Marseille en est certain : « Ce que les ainés ont accepté ne sera plus toléré par ses troupes ». Pour le soutenir dans ce combat, le futur généraliste/urgentiste compte sur l’appui d’Agnès Buzyn : « L’ISNI ne permettra aucune échappatoire. On attend une réaction vive de la nouvelle ministre des Solidarités et de la Santé. Nous ne voulons plus de mesurettes comme le faisait Marisol Touraine. Il faut aller plus loin. Devant l’urgence et le caractère catastrophique de ces résultats, nous demandons la mise en place d’un plan d’actions spécifiques dédié aux risques psychosociaux des professionnels de santé », conclut Olivier Le Pennetier.

(1) A l’initiative de l’ISNI, les structures jeunes (ANEMF, ISNAR-IMG, ISNCCA et ISNI) ont réalisé une grande enquête nationale auprès des externes, internes, chefs de clinique-assistants, assistants hospitalo-universitaires et assistants spécialistes.

Retrouvez ci-dessous La Consult' d'Olivier Le Pennetier par What's up Doc ! 

Source:

Bruno Martrette-Gomez

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