Renforts en Martinique : une mobilisation effrénée qui commence à payer

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Depuis quelques semaines, les renforts sont venus grossir les rangs des équipes médicales martiniquaises. Une mobilisation de tous les instants qui a permis d’éviter l’effondrement.  

Renforts en Martinique : une mobilisation effrénée qui commence à payer

Cela fait déjà quatorze jours que le Pr Sébastien Couraud a posé ses valises non loin du Centre Hospitalier de Martinique (CHUM). Avant que le ministre de la Santé ne réitère son appel ce 29 août, ce pneumologue des Hospices Civils de Lyon a choisi de prêter main forte aux équipes médicales qui peinent à contenir la force de la quatrième vague. « Notre taux d’incidence s’élève à plus de 800 », rappelle le Pr André Cabié, chef du service maladie infectieuse et tropicale, alors que la levée du confinement et la rentrée des classes viennent d’être repoussées. « Ici, c’est le cauchemar. Les seuls cocotiers qu’on a vus sont ceux devant la porte de l’hôpital », ironise, de son côté, le pneumologue.

 

 

Une situation de débordement qui dure depuis déjà quatre longues semaines. « Le terme de saturation ne convient même pas », poursuit l’infectiologue, témoin privilégié du ballet continue de patients aux Urgences. « Toutes les salles, les couloirs habituellement utilisés pour l’accueil de personnes sont remplis de brancards et de personnes sous oxygène », livre-t-il. Doté de centaine de lits, l’hôpital de Fort-de-France a décidé d’en consacrer la majorité aux patients positifs. « Mais ça ne suffit pas. À ce jour, il y a une centaine de personnes qui devrait être en service de soins critiques qui ne le sont pas », assure André Cabié, qui souligne qu’un combat similaire se mène aussi en ville.

À l’instar de Sébastien Couraud, nombreux sont les volontaires qui se sont mobilisés pour éviter l’écroulement des structures hospitalières martiniquaises. Un pari risqué en passe d’être gagné. « Avant leur arrivée, tous les médecins étaient en pleurs car en sous-effectif. L’arrivée des renforts a permis d’éviter l’effondrement. Ça a été une bouffée d’oxygène », témoigne le chef de service. « Nous avons été extrêmement bien accueillis », atteste avec ferveur le pneumologue, mobilisé notamment pour aider à ouvrir des lits d’oxygénation. « Le problème de fond demeure de soigner hors des recommandations habituelles, mais nous avons pu renforcer la plupart des équipes. C’est un soulagement important », poursuit André Cabié. Cela, même si quelques erreurs de casting ont été recensées. « Des personnes qui n’étaient peut-être pas adaptées à la tâche », précise l’infectiologue.

Dans les rangs des médecins mobilisés, là aussi : l’heure est à la confraternité. « Même si on navigue uniquement entre notre chambre, la salle du petit-déjeuner et l’hôpital, il y a une très grande solidarité », témoigne Sébastien Couraud. Une ambiance précieuse en l’absence d’heure de repos. « Depuis que je suis là, je n’en ai pris que trois ! On ne prend qu’une demi-journée le week-end. L’idée est de ne pas trop solliciter les collègues locaux car ils doivent tenir dans la durée », confie celui qui prendra son vol de retour quinze jours après son arrivée.   

Leurs efforts communs commencent d’ailleurs à être récompensés. Selon les dernières données partagées par Santé Publique France, le taux d’incidence a entamé sa décrue. Une analyse confirmée par les observations de terrain. « Grâce à l’effort de chacun, on arrive à un début de maîtrise de la situation », entame Sébastien Couraud. Et André Cabié de compléter : « À ce jour, on observe une petite diminution du flux mais nous sommes toujours sur un fonctionnement anormal ».

Une tendance ténue qui pousse l’infectiologue à se mobiliser plus encore pour la vaccination. Actuellement, le taux de couverture vaccinale arrive péniblement à 26,12 % en Martinique. « Lundi, je vais participer à l’un des webinaires organisés par Serge Romana », indique-t-il. Depuis début août, le chef du service d’histologie à l’hôpital Necker multiplie les événements en ligne promouvant la vaccination aux Antilles. Et André Cabié de commenter : « Si vous voulez mon avis, je pense que cela a un impact limité. Mais malgré tout, il faut continuer à se mobiliser. »

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