La Fondation Abbé Pierre vaccine les sans-abri

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Depuis le début du mois de mai, la Fondation Abbé Pierre invite les personnes sans domicile fixe à se faire vacciner au sein de leurs structures d’accueil de jour. Une initiative réalisée grâce à un partenariat de longue date avec les hôpitaux de proximité.

La Fondation Abbé Pierre vaccine les sans-abri

Pas de maison, mais au moins un vaccin. Depuis le début du mois de mai, la Fondation Abbé Pierre se mobilise pour que les sans-abri puissent eux-aussi avoir accès a un vaccin contre la Covid-19. « Depuis le lancement de l’initiative, plus de 100 personnes ont pu recevoir une première dose de vaccin et ce chiffre continue d’augmenter », se félicite Frédérique Kaba, directrice des missions sociales de la Fondation.

Une initiative solidaire qui est née d’un constat. « Ce public n’était jusqu’alors pas considéré comme prioritaire par la campagne de vaccination », explique Frédérique Kaba. Cela même si leur mode de vie les rend particulièrement vulnérables à la maladie… « De nombreuses pathologies se développent à la rue impactant drastiquement l’espérance de vie des personnes sans-domiciles, passant d’une moyenne de 80 ans à entre 45 et 50 ans », rappelle Frédérique Kaba. Et de poursuivre : « De plus, le respect des gestes barrières peut s’avérer complexe à appliquer dans les lieux de regroupement de personnes en grande précarité, tels que les accueils d’urgence où ils subissent une surexposition au virus »

© Pierre Faure / FAP

Autant de facteurs qui ont poussé la Fondation à investir le front de la vaccination. « Les sessions de vaccinations sont proposées dans certains accueils de jour du réseau de la Fondation, détaille la directrice. Ce sont des lieux d’accueils où les personnes sans-domiciles ont l’habitude de venir pour se reposer, avoir accès à l’hygiène et sortir de son isolement ». Pilier de la vie des personnes sans domicile fixe, ces lieux sont donc idéaux pour informer ceux qui n’ont pas toujours accès à internet des prochaines sessions de vaccination plusieurs semaines en amont.

« Des journées de vaccinations sont ensuite organisées directement dans ces lieux, en partenariat avec les soignants partenaires, sous l’égide des ARS », explique Frédérique Kaba, qui indique que les professionnels de santé sont  mobilisés dans le cadre d’un partenariat avec les hôpitaux de proximité. « Le personnel médical propose régulièrement des permanences dans ces lieux d’accueils afin d’assurer au suivi médical aux personnes sans-domicile et ce, avant même la crise sanitaire qui nous touche aujourd’hui. », précise-t-elle.

© Pierre Faure / FAP

Bientôt, les personnes sans domicile fixe devraient heureusement rejoindre la liste des publics prioritaires à la vaccination. « Le ministère de la santé et des solidarités et le ministère de l’intérieur ont finalisé une instruction conjointe aux préfets pour que le critère d’âge soit levé pour les personnes hébergées et sans-abri dans les prochains jours ou prochaines semaines », révélait, dans La Croix, l’entourage d’Olivier Véran le 19 mai dernier.

Une nouvelle bien accueillie par la directrice des missions sociales de la Fondation. « C’est une bonne chose », commente Frédérique Kaba qui émet pourtant quelques réserves. « Néanmoins, pour accélérer le processus, il faut davantage de moyens, à la fois humains et financiers, pour mieux informer les personnes sur le vaccin, déployer des équipes mobiles pour aller à leur rencontre, et organiser des sessions de vaccination à plus grande échelle ». Si elles sont régulièrement invisibilisés, les personnes sans domicile représentent environ 300 000 individus en France - soit environ la population de l’Islande.

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