La crise sanitaire aura eu le mérite de remettre le débat environnement et santé en plein cœur de l’actu. Le C2DS, association à but non lucratif, travaille depuis plusieurs années à la décarbonation de l’hôpital, « une priorité », selon François Mourgues, son président et ancien directeur du centre hospitalier d'Alès-Cévennes.
Dans un sondage réalisé par le C2DS, intitulé : « Demain, quel système de santé voulez-vous ? ». 88% des interrogés déclarent vouloir un établissement exemplaire en termes de « gestion de déchets, des transports, de la consommation d’énergie, de la qualité́ de vie au travail, etc ». 51,7% déclarent déjà agir pour réduire les impacts, 15,3% veulent commencer sans attendre et 23,3% disent vouloir agir mais ne pas savoir comment.
« Nous voulons informer et sensibiliser, promouvoir les bonnes pratiques et mettre en place une boîte à outils construite par les professionnels de santé pour leurs pairs », a expliqué Véronique Molières, directrice du C2DS, lors de la conférence.
Cependant Olivier Toma, Fondateur et chargé du plaidoyer du C2DS et ancien directeur d'établissements hospitaliers, dont la maternité Champeau à Béziers, pointe du doigt certaines lacunes, notamment la non-connaissance de la consommation d’énergie des établissements ou encore les facteurs d’émission des dispositifs médicaux et des médicaments. « Personne ne connait la consommation d’énergie du secteur, il est impossible de décarbonner le secteur de la santé à l’heure actuelle, mais nous avons des pistes », a-t-il déclaré. Cela devrait notamment passer pour lui par « l’obligation de l’étiquetage de l’emprunte carbone aux fournisseurs de médicaments et matériels pour prendre des décisions éclairées ».
Egalement présente à cet événement en ligne, Edith Bayard, référente développement durable au Centre Oscar Lambret (59) a témoigné de quelques mesures mise en place dans son établissement comme l’instauration des « jeudis bio » au self, augmenter la fréquence des repas végétariens, recyclage des huiles alimentaires pour produire du bio-diesel ou encore des communications et sensibilisation du personnel notamment pour les transports avec des challenges pour encourager l’utilisation du vélo.
Pour conclure, Olivier Toma a présenté les pistes principales à mettre en place au niveau des autorités :
- « Former les professionnels de manière initiale et continue ;
- Engager massivement les industriels et imposer l’affichage de l’emprunte carbone ;
- Financer l’exemplarité et créer des règles d’écoconditionnalité, inclure l’emprunte carbone dans les appels d’offre ;
- Un pilote et des moyens adaptés : actuellement il y a un plan environnemental qui est vide. Le sujet doit être piloté par des gens compétents en relation directe avec le terrain ».
« En l’état actuel, rien ne changera, il faut un modèle de financement et des outils qui fonctionnent », conclut Olivier Toma.