Génocide au Rwanda : le procès d'un ancien médecin s'ouvre à Paris

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Un 6e procès en France lié au génocide des Tutsis au Rwanda s'ouvre mardi à Paris : un ancien médecin comparaît devant la cour d'assises, soupçonné d'avoir participé aux massacres de 1994.

Génocide au Rwanda : le procès d'un ancien médecin s'ouvre à Paris

© iStock

Le médecin Sosthène Munyemana, 68 ans, aujourd'hui retraité et sous contrôle judiciaire, est jugé pour génocide, crimes contre l'humanité, participation à une entente en vue de la préparation de ces crimes, ainsi que pour complicité. Son procès est prévu jusqu'au 22 décembre et l'accusé, qui conteste les faits, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le génocide des Tutsis au Rwanda a fait plus de 800 000 morts entre avril et juillet 1994, selon l'ONU.

Plusieurs chefs d’accusation pour le médecin

Proche notamment de Jean Kambanda, premier ministre du gouvernement intérimaire institué après l'attentat contre l'avion du président hutu Juvénal Habyarimana, Sosthène Munyemana est soupçonné d'avoir contribué à la rédaction d'une motion de soutien à ce gouvernement, qui a encouragé les massacres. Il est aussi accusé d'avoir participé à un comité de crise ayant mis en place des barrières et des rondes au cours desquelles des personnes ont été interpellées avant d'être tuées. On lui reproche enfin d'avoir détenu la clé du bureau de secteur de Tumba, où étaient enfermés des Tutsis, parfois pendant plusieurs jours et dans des "conditions de dénuement total, privés d'eau, de nourriture et de soins", selon l'accusation, avant d'être exécutés. S'il ne nie pas avoir détenu cette clé, Sosthène Munyemana a fait valoir tout au long de l'instruction que le bureau de secteur servait de "refuge" aux Tutsis qui cherchaient un lieu de protection.

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Près de 70 témoins doivent être entendus pendant le procès. "Tout cela ne repose que sur des témoignages et date d'il y a 29 ans", observe Jean-Yves Dupeux, un de ses avocats : "c'est très difficile de se fonder sur des témoignages sur des faits aussi anciens." "On attend que justice passe enfin", déclare de son côté Rachel Lindon, avocate de 26 victimes et d'Ibuka, association de rescapés du génocide. "Plus le temps passe, moins on a de témoins."

Avec AFP

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