Ehpad, privés comme publics, les comptes sont dans le rouge

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Les fédérations d'Ehpad privés et publics ont tiré la sonnette d'alarme sur leur santé financière, compromise par l'inflation et d'autres facteurs comme la baisse du taux d'occupation, du fait des crises Covid et Orpea.

 Ehpad, privés comme publics, les comptes sont dans le rouge

© IStock

Côté privé, "certains établissements se trouvent dans une situation financière délicate, la question de leur survie commence à se poser", a souligné lors d'une conférence de presse Jean-Christophe Amarantinis, président du Synerpa, qui rassemble les Ehpad privés.

"L'inflation percute de plein fouet les établissements pour personnes âgées. L'écart se creuse entre les recettes et les dépenses, ce qui les amène à puiser dans leurs réserves ou à se tourner vers l'emprunt bancaire qui devient plus compliqué", a-t-il détaillé.

Côté public, la situation est également très dégradée, selon les chiffres présentés par la Fédération Hospitalière de France (FHF) dans une autre conférence de presse.

Près de 80% des Ehpad publics (77,5%) "enregistrent un résultat déficitaire pour l'exercice 2022, contre 42% en 2019", indique la FHF.

Parmi les causes de cette dégradation financière, "la crise de la Covid puis l'affaire Orpea (malversations financières et mauvais traitements révélés par le livre "Les Fossoyeurs", ndlr), qui ont eu des impacts significatifs temporaires sur le taux d'occupation et la dynamique d'activité au sein des Ehpad", précise la FHF.

Ainsi, par exemple, malgré une légère remontée au premier semestre 2023, le taux d'occupation des lits dans les Ehpad publics (93% environ) reste inférieur de 3,56% par rapport à l'activité d'avant crise de 2019, a noté la FHF.

Les montants prévus dans le PLFSS 2024 sont insuffisants pour les Ehpad privés comme publics

Etablissements publics comme privés incriminent également l'inflation, peu ou pas compensée par l'augmentation des dotations publiques.

Les Ehpad privés se disent également pénalisés par la récente décision du gouvernement de majorer, pour les salariés du secteur public uniquement, la rémunération des heures travaillées le week-end et la nuit. Cette revalorisation devrait être étendue au privé, plaide Jean-Christophe Amarantinis.

Le Synerpa suggère que les dotations publiques puissent financer des postes tels que ceux de responsable qualité ou de diététicien, pour décharger le personnel soignant de certaines tâches, et renforcer l'attractivité de leurs postes.

Les deux fédérations jugent largement insuffisantes les montants prévus par le prochain budget de la Sécurité sociale (PLFSS 2024) pour les personnes âgées.

Pour l'heure, le PLFSS, débattu à l'Assemblée nationale fin octobre, prévoit d'augmenter de 4,6% l'Objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam) dédié aux personnes âgées.

Les Ehpad publics réclament une rallonge de 700 millions d'euros supplémentaires pour accroître cet objectif à de 8,17%. Les privés estiment de leur côté qu'il faut une hausse de 13% de cet Ondam.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/le-tarif-des-ehpad-publics-qui-evolue-en-fonction-des-revenus-une-decision-alsacienne-qui

Les Ehpad, publics comme privés, touchent un forfait "soin" financé par la Sécurité sociale et un forfait "dépendance" provenant des conseils départementaux. Les résidents doivent en outre régler un montant dédié à "l'hébergement".

Avec AFP

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