Digitaliser la santé : il est temps…

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Notre système de santé bientôt sauvé par le numérique ? Marisol Touraine va donner 555 millions d’euros pour que le système de santé soit à la pointe du numérique.

Digitaliser la santé : il est temps…

Les start-up françaises et l’industrie du numérique vont générer les milliards qui lui manquent pour être sauvé ! Tous les problèmes de coordination, collaboration et gaspillage autour du patient et de son parcours vont être résolus : par la communication numérique avec les patients et avec les collègues, par les plateformes de services, par l’intelligence artificielle…

Les patients vont surfer sur les rendez-vous comme s’ils allaient en vacances, et les outils de mesures de leur santé, tous interconnectés, communiqueront directement avec leurs dossiers médicaux, eux-mêmes accessibles n’importe où. Même les déserts médicaux vont disparaître…

Un retard numérique dans la pratique quotidienne en santé ?

Au début, il y avait les signaux analogiques… En 1971, il fallait six mois d’attente pour avoir un téléphone analogique à Paris. Dix ans après, les premiers ordinateurs portables ont remplacé les machines à écrire et on a vu le début de l’intelligence artificielle. Puis les réseaux d’ordinateurs ont amené le Web et l’explosion de l’information en ligne. Une révolution pour la science médicale et sa diffusion… un peu moins pour la pratique, d’autant plus que l’impact de l’accès des citoyens à l’information médicale n’a pas été anticipé.

L’arrivée en parallèle des portables, et surtout des smartphones, a facilité la vie quotidienne, mais sans changer beaucoup les pratiques soignantes. Le système de santé n’a pas suivi… Là où les distributeurs d’aliments, d’habits ou de voyages savent tout sur nos habitudes, un généraliste peut ne pas savoir que son patient a consulté le cardiologue voisin.

Il y a pourtant en France la plus grande base de données mondiale sur les services utilisés par les citoyens (hôpital et ville, PMSI et CNAMTS réunis), mais ni les patients ni ceux qui les soignent n’ont crié leur besoin de l’utiliser.

Du numérique uniquement pour rattraper les déficits organisationnels ?

Le numérique qui bénéficiera de l’argent de la Ministre est celui qui permet de prendre rendez-vous en ligne et de regrouper des offres, pour que les citoyens s’y retrouvent dans le système. Mais c’est aussi l’entrée en force de la mesure permanente de tous les paramètres physiologiques possibles. L’évaluateur des actes de diagnostic et de dépistage que j’ai été, reste méfiant : statistiquement, plus on mesure, plus on identifie de problèmes sans signification pour la santé.

Mais le numérique doit aussi servir à produire de la meilleure santé. Les outils sont là, ils brillent et fascinent ! Les professionnels doivent vite s’approprier l’évaluation et l’expertise de leur apport réel à la santé…

Source:

* Yves Charpak est médecin de santé publique, chercheur, spécialiste de l’évaluation… il a travaillé (entre autres) pour l’OMS, l’Inserm, l’Institut Pasteur, l’Établissement francais du sang… Il n’hésite pas `a prendre position dans l’espace public, o`u il décline une vision originale du futur de la santé.

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