Covid et autres épidémies, Santé Publique France va désormais analyser les eaux usées

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Le Covid d’abord, et probablement d’autres maladies à l’avenir : la surveillance des eaux usées va compléter de manière pérenne en France la panoplie de suivi des infections virales, après un hiver 2022-2023 marqué par une triple épidémie : bronchiolite, grippe et Covid.

Covid et autres épidémies, Santé Publique France va désormais analyser les eaux usées

© IStock

Explorer des échantillons d'eaux usées pour y chercher des traces du SARS-CoV-2, qui voyage par les selles des patients via les toilettes jusqu'aux stations d'épuration, l'exercice a été éprouvé depuis le début de la pandémie.

A l'image d'autres pays ou régions du monde, la France va compléter son dispositif de suivi avec "un système nouveau de surveillance des eaux usées", baptisé SUM'Eau, a indiqué la directrice générale de Santé publique France Caroline Semaille hier, le 5 octobre, lors d'une conférence de presse.

Deux objectifs : "détecter précocement la présence du génome du SARS-CoV-2 en population générale et suivre les tendances de la circulation virale au sein d'une population", a exposé Damien Mouly, chargé de la coordination du projet SUM'Eau pour l'agence sanitaire.

Si elles ne renseignent pas sur l'âge des individus ou la gravité de symptômes, les eaux usées ont l'avantage d'être "indépendante des pratiques de dépistage", a-t-il relevé. Un atout majeur vu le nombre important de cas de Covid-19 peu ou pas symptomatiques et la chute du nombre de tests effectués.

Et cela peut alerter un peu plus tôt. Entre le prélèvement, l'analyse et la restitution des données, le délai est "d'environ une semaine", "légèrement plus précoce que les consultations, mais cela se joue à quelques jours, voire une semaine".

Des prélèvements chaque semaine dans 12 stations dans chaque région

En pratique, chaque semaine, un prélèvement sera fait dans 12 stations de traitement des eaux usées, réparties dans chacune des régions de France hexagonale (Corse exceptée) et sélectionnées sur des critères de population et de représentativité territoriale.

Des analyses microbiologiques des prélèvements seront ensuite effectuées dans un laboratoire national de référence, à Nancy, pour détecter et, le cas échéant, mesurer la présence du SARS-CoV-2. Les résultats, transmis à Santé publique France, alimenteront des indicateurs sur la circulation du virus.

Depuis la pandémie, plusieurs pays ont éprouvé la technique et les apports de cette surveillance des eaux usées.

Après l'apparition du Covid-19 en Chine en 2020, plusieurs études avaient relevé la présence du virus dans les selles de patients.

Dans des échantillons venant d'égouts et stations d'épuration, des scientifiques ont ensuite cherché, et trouvé, des éléments du génome du SARS-CoV-2 dans les eaux usées. Ils ont aussi montré une corrélation entre la concentration du génome du virus dans les eaux usées et la courbe épidémique.

En France, c'est l'Observatoire épidémiologique dans les eaux usées (Obépine) qui a ouvert la voie à un réseau de surveillance national.

Le nouveau dispositif SUM'Eau va désormais "monter en charge progressivement", a précisé Damien Mouly, notamment "pour avoir un maillage territorial encore plus fin" avec une centaine de sites à terme.

Covid, grippe, bronchiolite : ces trois infections respiratoires aiguës vont aussi être prochainement sous une surveillance "intégrée"

Dans un premier temps, la surveillance, "éprouvée", va se concentrer sur le SARS-CoV-2, mais "la recherche et le suivi d'autres agents pathogènes", non précisés, "fait partie du déploiement", selon lui.

Ces données ne peuvent toutefois pas être utilisées seules, elles doivent être croisées avec d'autres indicateurs, soulignent les experts.

"Il serait imprudent de penser que la surveillance des eaux usées va répondre à toutes les questions épidémiologiques", insiste Damien Mouly, parlant d'un outil "complémentaire".

Certains scientifiques se plaignaient ces derniers mois d'un "brouillard" sur l'évolution du Covid après un allègement du suivi, et plaidaient parfois pour l'analyse des eaux usées.

Les premières données de SUM'Eau, publiées en open data jeudi soir, font ainsi apparaître le net rebond de l'épidémie depuis l'été en France, mais d'une ampleur moindre qu'en fin d'année dernière.

Covid, grippe, bronchiolite : ces trois infections respiratoires aiguës vont aussi être prochainement sous une surveillance "intégrée", a annoncé Santé publique France.

Après "une saison dernière marquée par une triple épidémie Covid-grippe-bronchiolite, qui avait succédé à deux ans de pandémie Covid", l'objectif est de "mieux évaluer le fardeau des virus de l'hiver en santé publique et sur le système de soins", a expliqué Caroline Semaille.

A partir de mercredi prochain, soit le 11 octobre, l'agence publiera un seul bulletin rassemblant les multiples données sur le Covid, la grippe et la bronchiolite.

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Cela permettra d'avoir "une vision globale" et "d'aider à la décision pour l'offre de soins", mais les bulletins fourniront aussi des informations détaillées sur chaque virus, selon Bruno Coignard, directeur des maladies infectieuses de SpF.
 

Avec AFP

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