Classement des spécialités : « Beaucoup de médecins ont des a priori sur la chirurgie esthétique. Moi j’ai choisi cette spécialité pour soigner »

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Depuis 2017, la spécialité chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique squatte la première place de notre classement. Pourquoi un tel engouement ? Est-ce comme on le pense souvent trop vite, parce que cette spé est rémunératrice et sans garde ? On en parle avec Delphine Haddad, Chirurgienne plasticienne et esthétique et membre de la SoFCPRE.

Classement des spécialités : « Beaucoup de médecins ont des a priori sur la chirurgie esthétique. Moi j’ai choisi cette spécialité pour soigner »

Capture le chirurgien-esthétique 

What’s up doc : Pourquoi cet attrait renouvelé pour cette spécialité ?

Delphine Haddad : C’est une spécialité au goût du jour, on en parle de plus en plus. Les gens connaissent de plus en plus la chirurgie plastique et esthétique, plus l’esthétique d’ailleurs. Pour tout vous dire, je pense qu’en médecine les jeunes ne connaissent pas très bien la différence entre la chirurgie plastique et la chirurgie esthétique. La plastique permet de faire de la reconstruction et l’esthétique a pour but d’améliorer le bien-être de la personne. Il y a un engouement actuellement car le bien-être fait partie de la société et les gens sont intéressés par le fait de se sentir mieux dans leur peau.

Que répondriez-vous aux personnes qui disent que c’est une spé pour ceux qui veulent faire de gros honoraires sans obligation de garde ?

DH. : Moi, j’ai fait de la chirurgie plastique et esthétique pour soigner. Quand on est médecin, soigner ce n’est pas simplement soigner une maladie, c’est accompagner des gens. Finalement la chirurgie plastique est l’une des spécialités où l’on soigne le plus.

C’est vrai que nous n’avons pas de garde, pour une femme c’est un atout dans la vie quotidienne. Mais la chirurgie est surtout une belle spécialité pour s’occuper vraiment des patients. Nous avons deux facettes : la plastique c’est la facette reconstruction : quand on a eu un accident ou une tumeur cutanée, il faut reconstruire. Et l’esthétique, où l’on répond à un besoin d’une patiente ou d’un patient donc c’est pour moi une réponse à un bien-être. Ce dernier est compris dans la définition de la santé. D’autant plus que la chirurgie est bien développée et s’attache à tous les patients. Parmi-eux nous avons la maman qui a eu plusieurs grossesses, qui ne se sent pas bien dans sa peau. Il y a d’abord eu la psychiatrie, maintenant, il y a aussi la chirurgie esthétique qui permet aux personnes d’être mieux et de mieux appréhender la vie.

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Trouvez-vous qu’il y a un manque de communication sur cette spé, même auprès des médecins ?

DH. : Oui. Beaucoup ne la connaissent pas. En réalité c’est très vaste. Je fais de la chirurgie plastique de l’enfant à l’hôpital. Je m’occupe des fentes labiales, de jeunes adolescents qui ont de la gynécomastie. Il y a l’esthétique mais c’est une autre facette. Et même dans la chirurgie esthétique, nous ne fabriquons pas des gros seins. Nous façonnons des seins adaptés à la morphologie de la personne, qui bien souvent n’avait aucune poitrine avant.

Pensez-vous que les internes savent vraiment ce que représente cette spécialité ?

DH. : Il y a pas mal d’internes qui ne savent pas vraiment ce qu’est la chirurgie plastique et qui peuvent avoir des a priori. Ceux qui sont attirés, le sont par le fait de faire du plus à une personne, moi je le vois comme ça. Il y a un mélange entre la médecine esthétique et la chirurgie plastique, je pense que c’est source de confusion dans la tête des étudiants. Il y a une méconnaissance, je le vois avec les internes qui passent dans le service.

Est-ce une spé satisfaisante parce que vos actes sont visibles à l’oeil nu ?

DH. : Moi je trouve. Le bon exemple est la réduction mammaire. Des jeunes femmes avec d’énormes seins ont un quotidien perturbé, elles ont mal au dos, elles ne peuvent pas faire de sport. L’opération change leur vie. C’est vraiment une grande satisfaction. Je fais aussi de la rhinoplastie et cela aussi a un impact sur la vie des gens.

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Quelles sont les qualités requises pour être un bon chirurgien esthétique ?

DH. : Il faut savoir écouter sans juger. Chaque personne a une vision différente de l’esthétique. Il faut comprendre ce que veut le patient. Pour l’augmentation mammaire certaines patientes veulent juste une nouvelle forme, d’autres veulent un peu plus de volume. Je dois juger ce qu’elles désirent et si c’est adapté à leur corps. Quand c’est inadapté, je dois leur dire en tant que médecin.

Y a-t-il des contraintes ?

DH. : Parfois, nous n’avons pas assez compris le patient. Nous pensions l’avoir compris et qu’il nous avait compris et finalement non, surtout en esthétique. Il y a aussi tout un suivi car nous sommes des médecins. Il faut savoir gérer l’appréhension des patients et aussi ré-expliquer à ceux qui ne laissent pas à leur corps le délai de récupération nécessaire.

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